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Le mois de la photo commence au Grand Palais
A peine les allées de la FIAC démontées, voici que l’on s’affaire à nouveau au Grand Palais. Le remue-ménage des caisses et des monteurs devant l’entrée annonce “Paris Photo”, et sonne le début du mois de la photographie. Début novembre, les verrières accueilleront les quelques 200 exposants de la 23e édition de “Paris Photo” : les galeries, mais également les éditeurs et marchands de livres d’art. Alors que la foire s’apprête à inaugurer sa première édition new-yorkaise au printemps, l’historique formule parisienne continue d’accueillir également, en plus du secteur des galeries et de celui des éditions, trois autres focus.
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Ceux-ci seront dédiés aux films (choisis parmi les projets soumis par les exposants et projetés au Mk2 du Grand Palais), aux œuvres et installations format XXL (le secteur Prismes), et à une exploration thématique. Inauguré l’an passé, il s’agit du secteur Curiosa, confié à chaque édition à un curateur différent, qui invite une dizaine de galeries autour de la thématique de son choix.
Après l’érotisme l’an passé sous la houlette de Martha Kirszenbaum, place cette année à l’approche générationnelle de l’émergence distillée par Osei Bonsu, lequel vient tout juste d’être nommé curateur à la Tate Modern de Londres, où il sera en charge de l’art contemporain du continent africain, du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud.
• Paris Photo, du 7 au 10 novembre au Grand Palais, à Paris
La communauté des images
Avant qu’Eric Baudelaire ne soit lauréat il y a quelques semaines du Prix Marcel Duchamp, couronnant l’installation et la présentation de son long-métrage Un film dramatique, son œuvre la plus connue était certainement son diptyque Dreadful Details. Présenté en 2006 à Visa pour l’Image, le festival international de photojournalisme, il avait fait sensation.
Obtenus en recomposant dans un studio hollywoodien des scènes de guerre factices, les clichés sont une mise en abyme de la guerre des images qui, de plus en plus, instrumentalise la valeur de preuve attachée à l’image photographique pour marquer les consciences et rallier l’opinion.
Photographe, vidéaste, artiste de la situation et du temps long, Eric Baudelaire mène un travail autour de la facticité du documentaire, entendu comme enregistrement neutre du réel. Au CRAC Occitanie, à Sète, qui lui consacre actuellement une rétrospective, il convie à dialoguer avec lui des chercheurs, commissaires, militants et artistes pour une proposition dont le titre est lui aussi à cheval entre l’enregistrement d’un état de fait et la spéculation sur des horizons collectifs : Faire avec.
• Faire avec, d’Eric Baudelaire du 9 novembre au 2 février au CRAC Occitanie, à Sète
Témoigner des angles morts du visible
Le Centre Pompidou arpente également le statut de l’image, en confrontant trois manières d’aborder le témoignage par l’image. A partir des années 2000, le camp de migrants et de réfugiés de « la Lande », également connu sous le nom de la « Jungle de Calais », rassemblera entre 1800 et 8000 personnes dans des habitats de fortune, régulièrement démantelés dans la violence, avant de l’être définitivement, en octobre 2016. Pour la plupart d’entre eux, il s’agit de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en provenance notamment de l’Afghanistan, du Darfour, de Syrie, d’Irak et d’Erythrée, tentant de pénétrer clandestinement sur le territoire du Royaume-Uni.
Afin d’en rendre compte, deux types d’images photographiques, celles de l’artiste Bruno Serralongue et de l’agence de presse AFP, sont mises en regard avec les témoignages des habitants eux-mêmes. S’il documente Calais depuis 2006, Bruno Serralongue mène également un projet similaire à Notre-Dame-des-Landes depuis 2014, tout comme il explora également les conflits dans les usines de Bosal Le Rapide, dans la Marne, en 2014 ou dans celles de Florange, en Moselle, entre 2011 et 2013.
• Calais. Témoigner de la « jungle ». Bruno Serralongue, Agence France Presse, les habitants, jusqu’au 24 février au Centre Pompidou
Maison Marocaine de la Photographie
Dans le cadre de la Biennale des photographes du monde arabe, la Maison Européenne de la Photographie (MEP) donne une carte blanche à l’artiste Hassan Hajjaj, qui transforme temporairement les lieux en Maison Marocaine de la Photographie. Sa restropective, qui alterne photographies (quelque trois-cent clichés), installations, vidéos, mobiliers et éléments de décoration, est parcourue par son intérêt pour le vêtement, et à travers lui, par les tiraillements entre identité et tradition, qu’il résout par une approche pop, fluide et décomplexée.
>> A lire aussi : La randonnée libanaise et photographique de l’Institut du monde arabe
Né au Maroc mais basé à Londres depuis les années 1970, il est d’abord créateur. Il se fait connaître avec sa marque de street wear RAP (pour Real Artistic People) et une boutique à Covent Garden dès 1984, et a imposé progressivement ses détournements kitsch, pop et souvent collaboratifs entre les pages des magazines de mode.
Sa boutique sera déclinée à la MEP, introduction à un artiste que l’on connaît sans doute moins en tant que photographe… bien qu’une série déjà culte réalisée dans les années 1990 le précède : Vogue : Arab Issue, soit des fausses photographies de mode tournant en dérision l’engouement pour un exotisme de pacotille, où il fera poser des Marocaines de son entourage, vêtues de ses propres créations, et parodiant les mannequins occidentaux de papier glacé. Plus tard, il poussera cette veine parodique mais surtout affirmatrice en immaginant le gang des Kesh Angels, des filles à moto vêtues de manière traditionnelle posant à la manière de Hells Angels.
• Maison Marocaine de la Photographie de Hassan Hajjaj, dans le cadre de la Biennale des photographes du monde arabe, jusqu’au 17 novembre à la MEP, à Paris
Des livres (et un after)
Pour sa dixième édition, Offprint, “salon d’éditeurs indépendants et expérimentaux” comme l’annonce son site au design flamboyant, s’installe à nouveau dans la cour vitrée des Beaux-Arts de Paris. Cette année, le visuel du site, Golem, est une création interactive signée de l’artiste Kevin Bray (actuellement exposé au Palais de Tokyo dans le cadre de l’exposition Futur, Ancien, Fugitif) qui annonce la couleur. Ici, le print s’allie au digital et imagine de nouvelles alliances, propulsant résolument l’édition dans les années 1920 qui s’ouvrent devant nous.
On y trouve le plus pointu de l’édition et du graphisme alliés à l’art contemporain, à la culture visuelle, aux sciences-humaines mais également à la musique, pour un programme animé de tables-rondes et de DJ sets quatre jours durant. Cette année, on retrouve à Paris quelques 200 éditeurs, alors que le salon s’exporte désormais également à Londres, Milan et Arles. Un point de chute idéal aux néons des allées de Paris Photo.
• Offprint, du 7 au 10 novembre aux Beaux-Arts de Paris
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