Le meilleur des expositions d’art contemporain dans toute la France.
L’hospitalité doublement en question
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour aborder l’épineuse question de l’hospitalité, une seule approche, une seule tête pensante ou même un seul lieu d’exposition n’auraient pas suffi. A la réversibilité de l’échange qu’implique la notion d’hospitalité, celle-là même que réaffirme et défend la proposition bicéphale Persona Grata, il fallait donc que corresponde une organisation spatiale et conceptuelle elle aussi débarrassée de la notion de centre. Pour la première fois, le Musée National de l’immigration et le MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val de Marne s’associent.
En deux volets, ils déclinent deux approches possibles d’un même sujet. Au Musée de l’immigration, également doté d’une collection d’art contemporain, l’approche est sociale, historique, frontale. Dans une scénographie sombre et intime, le regard des philosophes Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc, auteurs de La fin de l’hospitalité. L’Europe, terre d’asile ?, accompagne le regard que l’on pose sur les œuvres. Au MAC VAL, Ingrid Jurzak, chargée de la collection, a au contraire conçu une proposition aérienne et immersive, où le sens des œuvres n’est jamais littéral ni figé, faisant du corps et de la perception le vecteur d’une sensibilité (et d’une sensibilité à l’autre) retrouvée.
• Persona Grata, du 16 octobre au 24 février au Musée National de l’Immigration à Paris et au MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val de Marne
Un maître anglais à Metz
Laure Prouvost, qui représentera dès mai prochain la France à la Biennale d’Art de Venise, fut son assistante et insiste sur l’inspiration qu’elle lui doit. John Latham est l’un des plus grands artistes conceptuels anglais, et pourtant il reste méconnu en France. Comme elle, il refuse de choisir un seul moyen d’expression et cherche par ses œuvres à raconter autant d’histoires contradictoires visant à élargir notre perception du monde. Chez Laure Prouvost, ce facteur de trouble des pensées linéaires sera le langage, la déperdition du sens et l’absurde pratiqué au quotidien.
Chez John Latham, ce sont les livres plutôt que la parole qui représentent autant de cosmologies coexistantes, ses « Event Structure » (structures événementielles) une idée qu’il ancre également dans la science et la philosophie, de l’astrophysique à la phénoménologie. En 2005-2006, quelques mois avant sa mort, la Tate à Londres consacrait une imposante rétrospective à plus d’un demi-siècle de carrière et d’œuvres à la fois irrévérencieuses et complexes. En France, le 49 nord 6 est – FRAC Lorraine convie sept jeunes artistes (Jay Chung & Q Takeki Maeda, ground : Marlie Mul & Harry Burke, Sheila Levrant de Bretteville, Alex Martinis Roe et Eva Weinmayr) à explorer son héritage, à travers des œuvres qui détournent les processus de transmission de l’information.
• Fabriques de contre-savoirs, du 9 novembre au 10 février au 49 nord 6 est – FRAC Lorraine à Metz
La Fondation Cartier-Bresson déménage
Dès jeudi 8 novembre, la 22e édition de Paris Photo ouvrira ses portes au Grand Palais. Mais la semaine de la photographie commence dès lundi 5 novembre, avec l’inauguration du nouvel espace de la Fondation Henri Cartier-Bresson. Plus grand, plus central, la Fondation emménage dans un ancien garage situé rue des Archives en plein cœur du Marais après quinze premières années d’existence passées près de Montparnasse. L’espace d’exposition sera dans un premier temps doublé, puis triplé et doté d’une bibliothèque spécialisée et d’une salle de recherche. Pour marquer le coup, l’exposition inaugurale sera consacrée à Martine Franck. La consécration de toute une carrière autant qu’un projet intime cousu sur mesure dédié à un témoin du siècle, disparue en 2012.
L’exposition, dont la conception débute un an avant sa mort en 2011, déroule le fil de la carrière de celle qui réalisa à la fois des reportages et des portraits pour les grands magazines américains, du New-York Times à Vogue, avant de participer à la création des agences Vu puis Viva et de rejoindre la maison de prestige Magnum. Epouse d’Henri Cartier-Bresson rencontré en 1970, son travail était présenté en 2011 à la Maison Européenne de la Photographie ou encore en 2002 au Musée de la Vie Romantique, les deux à Paris. Cette rétrospective est la plus complète à ce jour, proposant une relecture intimiste d’une œuvre appelée à faire histoire.
• Martine Franck, du 6 novembre 2018 au 10 février 2019 à la Fondation Henri Cartier-Bresson
Je peux pas, j’ai week-end Frac !
Créés en 1982 dans le cadre de la politique de décentralisation, les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (Frac) sont investis d’une mission d’importance : prouver que l’art contemporain n’est peut-être nulle part aussi vibrant qu’en province, permettant d’affirmer autant de regards singuliers et de positions identifiées qu’il y a de Frac, c’est-à-dire 23. D’abord dédiés à des activités de soutien à la création, notamment par l’acquisition d’œuvres de jeunes artistes, ils se dotent peu à peu de bâtiments, un virage qui leur permet à partir des années 2000 une politique d’expositions invitant également des artistes internationaux.
Entre local et global, leur dynamisme n’est pourtant pas acquis et reste à la merci des politiques publiques, comme le rappelait l’an dernier la menace de fermeture que faisait peser sur le Frac Le Plateau à Paris une possible suppression des subventions de la Ville de Paris. Pour mettre en lumière ces acteurs clés du paysage culturel, l’association Platform de regroupement des Frac organise chaque année un week-end d’événements. Les 17 et 18 novembre, chaque Frac invitera une personnalité de la région tous domaines confondus (théâtre, cinéma, danse, humour, musique, …) qui offrira lors d’une rencontre conviviale son regard sur la collection.
• Le week-end des FRAC, les 17 et 18 novembre dans toute la France
Le Palais de Tokyo fait école
Les écoles d’art alternatives, ou du moins les formats donnant les clés d’un autre décryptage de l’art contemporain sont à la mode. Ces initiatives sont souvent lancées par les artistes eux-mêmes mais les institutions s’y mettent aussi, tentant de répondre à la demande grandissante de savoirs en open-source et de partage des connaissances horizontal. Pour les pantouflard ou les surbookés, il y a le MOOC du Centre Pompidou qui se visionne sur internet. Pour les férus de la parole vive et de l’échange IRL, rendez-vous au Palais de Tokyo pour la nouvelle saison du programme Les Regardeurs.
Un an après une première saison qui accueillait, à raison de sept leçons chacun, les critiques d’art Dominique Païni, Bernard Marcadé et François Piron, place cette année à l’historien de l’art Pascal Rousseau et le commissaire d’exposition Jean-Hubert Martin. Autour de citations de Marcel Duchamp, le premier explorera l’influence du paranormal et de ses rituels (télépathie, hypnose, prise de psychotropes) dans l’émergence des avant-gardes du siècle dernier. Tandis que le second se consacrera de son côté à une histoire de l’art par focus successifs, le tout porté par une verve narrative drolatique.
• L’Atelier des Regardeurs au Palais de Tokyo à Paris. Avec les sessions Le coefficient d’art. Une (autre) histoire du processus créatif par Pascal Rousseau, du 5 novembre au 17 décembre et Canular / L’art en rit / Ricochets par Jean-Hubert Martin, du 7 novembre au 19 décembre
<< à voir et à lire aussi : Grayson Perry à la Monnaie de Paris ; Elmgreen & Dragset à la galerie Perrotin à Paris ; AVAF au Confort Moderne à Poitiers ; Franz West au Centre Pompidou à Paris ; Les Ateliers – Biennale de Rennes >>
{"type":"Banniere-Basse"}