Chaque mois, le meilleur des expos art contemporain, à Paris et en région
Derniers jours : Cosmopolis #1. Collective Intelligence
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Inaugurée durant la pléthore d’événements de la semaine de la Fiac mi-octobre, le lancement de la première édition de la nouvelle biennale du Centre Pompidou était passée un peu inaperçu. Peu importe, car Cosmopolis, c’est son nom, se propose précisément de sortir l’exposition de sa temporalité ordinaire pour la faire vivre et évoluer au gré d’une programmation hebdomadaire centrée autour des interactions avec le public.
Ateliers de lectures, conversations, conférences, performances et concerts rythment ainsi depuis presque deux mois la galerie trois de l’institution, cette partie vitrée ouverte sur l’extérieur désormais investie par des parois mobiles, des hamacs, des dispositifs d’écoute et de lecture et un café vietnamien éphémère.
Confié à la curatrice Kathryn Weir, directrice du développement culturel, la Biennale s’intéresse pour son édition inaugurale aux collectifs d’artistes de régions boudées des circuits artistiques traditionnels, œuvrant en marge de l’économie mondialisée du monde de l’art (quatorze au total, dont le vietnamien Art Labor ; les nomades Invisible Borders ; les Colombiens d’Arquitectura Expandida ; les Russes Chto Delat ou encore les Sud-Africains Chimurenga).
Le riche programme de conférences a déjà réussi le pari d’inviter – et en anglais – quelques-uns des plus grands penseurs du siècle : Arjun Appadurai, Walter Mignolo, Armen Avanessian ou encore Chus Martinez. Un virage engagé répondant au projet de Serges Lavisgnes s’exprimant en faveur d’un établissement « davantage en prise avec les grands questions sociales » lors de sa prise de fonctions en 2015 qui s’était jusqu’alors fait attendre.
• Cosmopolis #1. Collective Intelligence, jusqu’au 18 décembre au Centre Pompidou à Paris
Harun Farocki
L’œuvre vidéo d’Harun Farocki, disparu en 2004, encapsule plus de trente années de recherches à la croisée entre médias et modes de vie. Plus proche de la « Kulturwissenschaft » allemande que de l’histoire de l’art, sa vision élargie des images replacée dans le champ socio-économique et l’écologie médiatique qui les conditionne met à nu les rouages et les réseaux de signification sous-jacents aux images contemporaines.
D’abord conçues pour le grand écran et la télévision, il s’intéressera dans les dernières années de sa vie aux jeux vidéo et à la guerre sans images, avec comme seule constante sa méthode d’ethnographe du visible. Au forum -1, le Centre Pompidou lui consacre l’exposition Images contre elles-mêmes avec une large sélection de vidéos, tandis que la Friche la Belle de Mai à Marseille explore quant à elle le versant dédié au travail et à l’économie capitaliste qui parcourt son œuvre.
Empathie présente ainsi neuf de ses installations vidéo réalisées de 1995 à 2014, présentant notamment son dernier grand œuvre. A savoir Labour in a single shot, projet mené de 2011 à 2014 avec Antje Ehmann, avec qui il demande à des cinéastes et artistes dans 15 villes différentes de produire de cours films en point de vue unique sur le monde du travail contemporain. Une première exploration qui sera approfondie, à Marseille, par un cycle de conférences d’une semaine, Travailler/œuvrer, qui verra des penseurs comme Richard Sennett ou Bernard Stiegler intervenir autour de la question.
• Harun Farocki. Images contre elles-mêmes, jusqu’au 7 janvier au Centre Pompidou à Paris et Harun Farocki. Empathie, jusqu’à 25 mars à la Friche la Belle de Mai à Marseille
Réouverture du Confort Moderne
Le 16 décembre, le Confort Moderne à Poitiers, en travaux depuis plus d’une année, rouvrira ses portes. « Harder, Better, Faster, Stronger », comme le veut l’adage (et le single), la friche se dévoilera dans une version augmentée et consolidée. Sur quelque 8 500 mètres carrés voisineront deux espaces d’exposition, deux salles de concerts, les structures résidentes Jazz à Poitiers, la Fanzinothèque, la boutique de disques Transat, un restaurant et un bâtiment de résidences. Le tout ponctué des œuvres permanentes du site, témoignant de son histoire sédimentée. Une programmation musicale jusque tard dans la nuit et deux expositions, dont la collective Tainted Love, tissant ensemble figures pivotales du lieu et nouvelles têtes autour d’un tube pop intergénérationnel mâtiné de fantasmes et de projections – comme nous l’évoquions plus en détail dans l’article dédié à l’exposition, véritable manifeste de l’esprit incarné par le lieu et de ses développements ultérieurs.
• Réouverture du Confort Moderne, le 16 décembre à Poitiers
Ryoji Ikeda
Depuis les années 1990, le Japonais Ryoji Ikeda fait basculer le langage informatique dans le champs visuel. Pour celui qui débuta comme DJ aux côtés du collectif pluridisciplinaire Dumb Type basé à Kyoto dans les années 1980, les lignes de code et le langage binaire deviennent le support d’une exploration plastique où le son et les datas sont transformés en fréquences lumineuses et en formes géométriques sinusoïdales.
A partir de ces deux registres, l’artiste développera un vocabulaire plastique s’incarnant à la fois dans les installations immersives plus proches de la scène et à travers des œuvres projetées ou sur châssis qui croisent les préoccupations de l’art conceptuel et de l’abstraction. Deux versants complémentaires d’une pratique indispensable pour comprendre les développements ultérieurs de l’art numérique et décloisonner au passage les relations entre art et musique qui s’incarnent à travers deux expositions organisées simultanément à Paris. A La Villette dans le cadre du Festival d’Automne dans le cadre des Choreographic Objects, exploration en plusieurs chapitres du mouvement menée par le chorégraphe William Forsythe. Et à la galerie Almine Rech à Paris, qui lui consacre une exposition personnelle à ses formats plus muséaux autour des notions d’infini et de permanence.
• William Forsythe x Ryoji Ikeda, Nowhere and Everywhere at the Same Time N°2 – test pattern [n°13] jusqu’au 31 décembre à La Villette et π, e, ø jusqu’au 21 décembre à la galerie Almine Rech à Paris
Nick Laessing, Life Systems
Depuis la rentrée 2016, les galeries du Haut Marais comptent une nouvelle venue. La galerie Pcp, relativement discrète, consacre sa sixième exposition à l’artiste anglais Nick Laessing. Après une exposition collective autour du thème des champignons prétexte à rassembler une famille d’artistes allant de Carsten Höller à Jeremy Shaw, l’exploration du monde végétal s’achemine cette fois vers ses franges utopiques.
A partir de recherches de la Nasa des années 1970 sur la survie des végétaux qui avaient permis la découverte de leur croissance accélérée en environnement sans gravité, l’artiste découvre que cette forme de culture a été reprise par des cultivateurs de marijuana. A son tour, Laessing transforme la galerie en un milieu de culture automatisé, manière pour lui de venir mettre en évidence la fragilisation de l’équilibre écologique mis en danger par les actions humaines, et de venir y répondre par des solutions elles aussi liées aux perfectionnements technologiques. Rappelant au passage combien l’écosystème de la galerie d’art, avec ses néons et vitrines similaires, cultive tout aussi artificiellement certaines conventions de vision.
• Nick Laessing, « Life Systems », jusqu’au 17 février à la galerie pcp à Paris
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