Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain, à Paris et en province.
57e Biennale Venise
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Nous y sommes : dans quelques jours, la 57e Biennale de Venise ouvrira ses portes au public dès le 13 mai. Grand raout de l’art contemporain, les professionnels de l’art mais aussi les passionnés invétérés et les curieux en goguette viennent s’y repaître du meilleur de l’art actuel. Toujours très attendue, l’exposition de l’Arsenale l’est cette année encore un peu plus que d’ordinaire : intitulée « Viva Arte Viva », son commissariat est confié à Christine Macel, conservatrice en chef du Centre Pompidou. Elle devient ainsi la première française depuis Jean Clair en 1995 à se charger de cette fonction prestigieuse, et l’une des rares femmes tout court à y accéder. Avec pour ambition de fournir « une réponse à l’incertitude de notre monde et à ses chocs« , la proposition est « une biennale avec les artistes, par les artistes, pour les artistes, au sujet des formes qu’ils proposent, des questions qu’ils posent, des pratiques qu’ils développent, des formes de vie qu’ils choisissent« . Du côté des 87 pavillons nationaux, la France sera cette année représentée par Xavier Veilhan avec un projet aussi immersif que généreux : studio d’enregistrement effectif où viendront tous les jours travailler une centaine de musiciens.
57e Biennale de Venise, du 13 mai au 26 novembre à Venise. Renseignements sur le site de la manifestation
« Cool as a Cucumber »
Une religieuse catholique américaine impliquée dans la contre-culture pacifiste des années 1960-70 et qui fit reconnaître la sérigraphie, son médium de prédilection, comme un art à part entière : en soi, l’histoire de Soeur Mary Corita Kent a de quoi fasciner. Relue par le prisme d’un artiste contemporain fantasque comme l’est Maxime Rossi, davantage encore. S’inspirant de ce personnage hors-normes depuis plusieurs expositions, dont « Sister Ship » à la Halle des Bouchers à Vienne en 2015, l’artiste poursuit une exploration qui inclut aussi bien la comédie musicale que l’installation procédant du cinéma élargi. Sa nouvelle exposition solo à la Galerie Edouard Manet de l’Ecole des Beaux-Arts de Gennevilliers est une étape supplémentaire dans l’exploration hallucinée et farfelue de ce personnage qui, à force de jeux de diffraction et de télescopages entre les époques, ressemble de plus en plus à une apparition mythique – tout droit surgie d’un mind-trip sous acide. Cette fois, Maxime Rossi propose un espace scénique activé par des performeurs ainsi qu’un dispositif d’exposition automatisé, mêlant deux couches narratives parallèles et siamoises – y compris un numéro de claquettes et un narguilé fonctionnel.
« Cool as a Cucumber » de Maxime Rossi, jusqu’au 10 juin à l’Ecole Municipale des Beaux-Arts Galerie Edouard Manet à Gennevilliers
« Le Secret »
Ce n’est un secret pour personne que l’art et la recherche vivent des heures tendues : si le Ministère de la Culture enclenchait en décembre dernier un décret visant à aligner le statut des écoles d’art sur celui des universités, l’incapacité à reconnaître la spécificité du système d’enseignement artistique laissait au personnel des écoles d’art un arrière-goût amer en bouche. Heureusement, les initiatives locales n’ont pas attendu le Ministère pour enclencher des programmes de recherche innovants, à l’image du programme « Exposer la recherche en art », associant l’institut ACTE du CNRS et l’Ecole des Beaux-arts de Cergy. A Ygrec, l’espace d’exposition de l’école implanté au sein de la friche des Grands Voisins dans l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul dans le 14e arrondissement parisien, « Le Secret » conclut le programme. Lors d’un commissariat polymorphe à six paires de mains et un collectif, l’exposition propose une divagation autour du secret, ce qu’on ne peut montrer ni figurer, naviguant alors à vue entre « l’identité singulière et les rêves intimes, en passant par les histoires de famille, la grande histoire et les secrets d’États, jusqu’à l’herméneutique propre au déchiffrement des œuvres« .
« Le secret » (cur. Françoise Docquiert, Paul-Antoine Parot, Corinne Le Neün, Christophe Viart, Nayla Tamraz, Tatiana Nedelskaya et le collectif Polynome), jusqu’au 28 mai à Ygrec aux Grands Voisins à Paris
« Collection. Remonter le temps »
Être artiste, avant de produire des œuvres, de réagir aux temps présents ou de se situer par rapport à une histoire de l’art dont on hérite et dont on souhaite infléchir le cours d’une certaine manière, c’est d’abord un choix de vie. Une certaine manière de travailler, de vivre en communauté et de tracer son chemin au quotidien. C’est sur cet aspect biographique souvent laissé de côté de peur de figer la richesse polysémique des œuvres qu’a choisi de mettre l’accent le Fond Régional d’Art Contemporain Bretagne. En puisant dans la collection qu’a accumulée la structure au fil de son existence, en traçant des fils entre les artistes qu’elle a pu accompagner nait l’exposition « Collection. Remonter le temps ». De Christian Boltanski à Ilya Kabakov en passant par Guy de Cointet Louise Lawler, Andy Warhol ou Martha Rosler, le parcours mêle « des œuvres de diverses natures qui ont en commun d’intégrer les notions de biographie et d’autobiographie et de conjuguer l’intime et l’universel« . A une époque où l’auto-représentation est devenue le lot commun de chacun, les artistes permettent d’envisager la manière de faire d’un impératif le point de départ d’autres manière de se mettre en scène et de narrer son existence.
« Collection. Remonter le temps » du 13 mai au 27 août au FRAC Bretagne
Conversation « Mondialités »
Le samedi 6 mai à La Colonie, QG décolonial situé dans une ancienne boîte de nuit reconvertie en bar de quartier reconverti en espace de discussion et de réflexion, les artistes Ernest Breleur et Jean-François Boclé s’entretiendront avec la philosophe Seloua Luste Boulbina autour de la notion de « mondialité ». Définie comme l’autre face de la mondialisation, de préférence utilisée au pluriel, la ou les mondialité(s) désignent la nébuleuse de productions artistiques et théoriques visant à faire vivre l’identité plurielle et archipélique des Suds. Plus spécifiquement, il sera ici question de la Caraïbe, ensemble mobile où des pays indépendants comme Cuba ou Haïti voisinent avec d’autres territoires dépendant encore d’un autre pays, comme Porto Rico ou la Martinique. Les intervenants tenteront alors de définir une identité commune mais non unitaire à ces territoires en pleine ébullition créative.
« Mondialités » : conversation entre Ernest Breleur, Jean-François Boclé et Seloua Luste Boulbina le samedi 6 mai à 15h à La Colonie à Paris
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