Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain, à Paris et en région
« A different way to move. Minimalismes. New-York 1960-1980 »
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Rouvrir le chapitre de l’art minimal pour en écrire une « histoire subversive », telle est l’ambition de l’exposition « A different way to move » conçue par la commissaire Marcella Lista au Carré d’Art de Nîmes dans le cadre du trentième anniversaire du Centre Pompidou. A ce titre, vouloir exhumer ce que l’institution a depuis longtemps consacré et en proposer une histoire alternative est sans doute le meilleur hommage qui soit, montrant combien l’histoire de l’art reste sans cesse à réécrire – indiquant, en creux, la voie d’un musée vivace et par là fidèle à l’ambition première du Centre. A Nîme, l’exposition se concentre sur les liens entre le minimalisme américain et les nouvelles pratiques articulées autour du corps et de l’espace qui émergent à cette époque : la performance, la danse et le théâtre élargi. Emergeant au début des années 1960, l’art minimal réagit à l’expressionnisme abstrait, proposant un retour radical au dépouillement, au réductionnisme de la forme et l’éviction de toute teneur subjective. Si l’on connaissait déjà le rôle joué par les musiciens dans le mouvement, de Steve Reich à La Monte Young en passant par Philip Glass, il est plus rare que l’on y associe l’effervescence des arts de la scène, notamment la post-modern dance américaine portée par Trisha Brown, Lucinda Childs ou Yvonne Rainer. S’y joue pourtant la même volonté d’inventer de nouvelles manières de percevoir et de bouger qui témoignent du même état d’esprit, de la naissance d’une nouvelle avant-garde foisonnante unie seulement par une unité de lieu : New York.
« A different way to move. Minimalismes. New-York 1960-1980 » (cur. Marcella Lista), jusqu’au 17 septembre au Carré d’Art à Nîmes
« Réparations »
Rendez-vous annuel, les « Printemps Politiques » organisé par le Fond Régional d’Art Contemporain Centre-Val de Loire propose dès fin mars une série de conférences animées par des chercheurs et historiens de l’art dans le cadre de son université populaire, ainsi qu’une nouvelle exposition de Kader Attia, lauréat du Prix Marcel Duchamp 2016. « Réparations », c’est son titre, reprend l’un de ses thèmes de prédilection, également au centre de la vidéo « Réfléchir la mémoire », présentée pour le prix et montrée à cette occasion au Centre Pompidou. Dans celle-ci, l’artiste partait du phénomène des douleurs fantômes ressenties par les individus ayant perdu un membre pour enclencher une réflexion sur les angles morts de l’histoire, les traumas collectifs et le retour du refoulé de la colonisation. La réparation donc, qui pose la question de savoir comment panser les déchirures d’une société et entraîne la recherche plastique à la frontière de l’anthropologie, de la psychanalyse, de la philosophie et de l’architecture. Et à travers la mémoire, ouvre également sur la prise en compte d’un avenir qui ne peut se bâtir durablement que sur des fondations elles-aussi réparées et pacifiées.
« Les Printemps Politiques », début de l’Université Populaire le 24 mars ; et « Réparations » de Kader Attia, du 27 avril au 6 août au FRAC Centre-Val de Loire à Orléans
« Hollywood Regency »
Comme un Des Esseintes des temps modernes, Than Hussein Clark, né en 1981, élabore des installations, scénographies et performances qui remettent l’opulence baroque et le dandysme décadent au goût du jour. Comme le héros du cultissime roman « A rebours » de Joris-Karl Huysmans, l’artiste assemble autour de lui une constellation hétéroclite et raffinée de bibelots divers, puisant dans l’histoire du design et de l’architecture mais aussi de la contre-culture queer. S’il y a chez l’artiste anglais basé entre Londres, Hambourg et Berlin, une sensibilité esthétique certaine et totalement à contre-courant de la fluidité sans aspérité si prisée des nomades numériques, celle-ci sert avant tout de point de départ à une réflexion sur les manières de se présenter au monde et sur la construction des subjectivités – identifiant dans le design tout court les prémisses du phénomène d’ « auto-design » chez au philosophe Boris Groys.
« Hollywood Regency » de Than Hussein Clark du 30 mars au 13 mai à la galerie Crevecoeur à Paris
« Wrapped/Unwrapped »
« Les emballages des œuvres ne sont pas juste de vulgaires bouts de cartons ou de polystyrène protecteur qui maintiennent l’œuvre en état, la préservent des chocs extérieurs dans ses nombreux voyages ou la conservent dans ses longues phases de stockage : bien plus qu’une simple enveloppe matérielle, ils sont devenus au fil du temps et des modifications du mode majeur ‘d’être au monde’ de l’œuvre, sa condition principale d’apparition, puisque, hormis les rares moments ou l’œuvre est exposée nue, elle est la plupart du temps enfermée dans son écrin protecteur en bois, bullpack ou autre carton« . Tel est le point de départ de la nouvelle exposition de la Zoo Galerie à Nantes, qui explore à travers les œuvres de dix artistes (Béatrice Balcou, Victoire Barbot, Carole Douillard, Marceline Delbecq, G. Küng, Maylis Lamotte-Paulet, Erwan Mahéo, Yuki Okumura, Blaise Parmentier et Julien Quentek) le devenir-packaging de l’oeuvre d’art. En s’intéressant non pas au cœur mais au pourtour, ce parergon cher à Derrida, à l’enveloppe à la fois précaire et protectrice, s’écrit une réhabilitation des marges et du transitoire.
« Wrapped/Unwrapped » du 31 mars au 6 mai à la Zoo Galerie à Nantes
Julie Béna
Entre performance, installations, vidéo et écriture, Julie Béna réconcilie l’art et la vie par le prisme d’une série de personnages de fiction, empruntant autant au conte qu’au théâtre de l’absurde, que l’on retrouve au fil de ses interventions. Ce n’est donc pas que le quotidien s’immisce dans le registre de l’art, mais au contraire que rien, aucune scène, écran ou white cube, ne saurait contenir le surgissement absurde, drôlatique et poétique de ses créations, qui rejoignent dès lors l’espace-temps où nous nous mouvons. En 2015, l’artiste présentait l’exposition « Destiny » à la Galerie Edoaurd Manet à Gennevillers, faisant discourir à bâtons rompus deux de ses mascottes, l’effrontée perruque rousse Miss None et le chic mais bougon Mister Peanut. On la retrouve avec une exposition solo à la Galerie Joseph Tang à Paris, accompagnée du lancement de son livre « It Needed to be Tender and to be Whipped » chez Montez Presse, qui réunit ses écrits, poésie, essais, scripts de théâtre et de films depuis 2012. Le titre de l’exposition en question ? Une fiction à lui tout seul : « Julie decided to try growing watermelons instead after one had mysteriously come… she explained as we chatted in the market, before Bena was a cold place, … »
« Julie decided to try growing watermelons instead after one had mysteriously come… she explained as we chatted in the market, before Bena was a cold place, … » du 30 mars au 20 mai à la Galerie Joseph Tang à Paris
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