Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain à Paris et en région
Laëtitia Badaut Haussmann, La Politesse de Wassermann
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En Finlande, il est partout. En France, il se fait rare, et pourtant, l’éminent designer et architecte Alvar Aalto, partisan d’une occupation de l’espace fonctionnaliste et organique, est l’auteur d’une maison privée située dans la banlieue parisienne. Pour le collectionneur et galeriste Louis Carré, celui-ci construira à la fin des années 1950 la résidence aujourd’hui connue sous le nom de la Maison Louis Carré, habitat boisé, fluide et baigné dans une lumière naturelle profuse. Acheté depuis peu par la Fondation Aalto, le lieu est désormais ouvert au public. En théorie du moins, car peu le savent, et l’invitation à une artiste ne sera pas de trop pour la découvrir. D’autant plus que l’invitation à Laetitia Badault Haussmann sonne particulièrement juste, celle-ci travaillant autour de l’histoire du design, de l’architecture et des formes dont elle se sert comme prisme pour étudier les nouages entre architecture et politique, domesticité et société. A partir d’un roman de JG Ballard, l’artiste recrée son propre récit de l’histoire de la maison, lieu où la vie privée fusionnait avec les affaires de son propriétaire. Et réveille les fantômes tapis entre ces murs épais ayant vu défiler murs Cocteau ou Duchamp – à moins qu’elle ne les ait convoqués de toutes pièce.
Laëtitia Badaut Haussmann, La Politesse de Wassermann (cur. Silvia Guerra et Laurent Fiévet) du 25 juin au 3 septembre, ouvert les samedis et dimanches de 14h à 18h (sur réservation), à la Maison Louis Carré à Bazoches-sur-Guyonne
Ecole(s) de Nice
Comme les estivants en mal de Sud, l’actualité artistique migre cette semaine-ci vers une terre d’élection baignée de soleil, de mer et… de térébenthine. A partir du 24 juin, la ville de Nice, et son réseau artistique, inaugurent un cycle d’expositions consacrées à célébrer la naissance du 70e anniversaire de la constitution de l’Ecole de Nice, avant-garde artistique majeure née dans le sillage de l’arrivée du mouvement new-yorkais Fluxus sur la Côte d’Azur – qui s’y trouvera bien, et y prendra racine. Arman, Yves Klein, Martial Raysse décident chacun de poser le problème des limites de l’art et des genres à leur manière, résonnant en cela avec tout une nébuleuse qui en commun possédait surtout un anti-académisme prononcé. Le Groupe 20, puis Support Surface, avec Claude Viallat, Noël Dolla ou Patrick Saytour, les électrons libres comme Bernard Venet ou Jean Mas, tous se côtoient, se regardent et s’influence au sein d’un groupe électif. Cette école sans doctrine ni maître, l’Ecole de Nice donc, sera célébrée dans toutes ses facettes cet été. Au MAMAC notamment, avec la fresque historique A propos de Nice : 1947-1977, proposant « une traversée spéculative du phénomène d’émulation à Nice » au cours des trois dernières décennies, mais aussi via l’ouverture du dialogue à une autre génération et à une autre rive, avec The Surface of the East Coast au 109, proposant une mise en regard de Supports/Surfaces avec la jeune scène new-yorkaise.
Ecole(s) de Nice : « A propos de Nice : 1947-1977 » au MAMAC et « The Surface of the East Coast : From Nice to New York » au 109. Mais aussi « Nice à l’école de l’histoire » au Musée Masséna et « Noël Dolla. Restructurations spatiales » à La Galerie des Ponchettes, du 24 juin au 15 octobre à Nice
Daniel Richter, Le Freak
Son style expressionniste, à la fois torturé et charnel, le rattache du premier coup d’œil à une généalogie prestigieuse. Daniel Richter, né en 1962, a étudié sous Martin Kippenberger, puis assisté Albert Oehlen. Dès ses premiers pas dans le monde de l’art, ses pas croisent deux des sommités du renouveau de la peinture figurative des années 1980. Lui-même passera de l’abstraction de ses premières années, intensément colorées et cosmiquement perchées, à des représentations à grande échelles peintes d’après des photos de presse ou même, plus récemment depuis le début du millénaire, des photos prises d’après portable. On assiste alors à l’intrusion de l’ère médiatique qui est la nôtre, les caméras de surveillance à l’œil braqué sur nous en permanence et la paranoïa intrinsèque à cet écosystème, dans une manière picturale gardant encore à fleur de toile la mémoire de l’histoire de l’art récente. A Paris, dans son site du Marais, la galerie Thaddaeus Ropac, qui le représente, fournit cet été l’occasion de découvrir ses toiles les plus récentes.
Daniel Richter, Le Freak jusqu’au 29 juillet à la Galerie Thaddaeus Ropac (Marais) à Paris
David Rappeneau, $ + €
Sur le bitume, loin de Nice et de ses expositions d’été, c’est une autre histoire. A Paris, on zone en survêt Kappa, dans des chambrettes étriquées où la touffeur ambiante stoppe net toute tentative d’activité. Oisiveté qu’accompagne les volutes d’une cigarette, d’un joint, que l’on regarde se consumer les yeux dans le vague. Ces scènes sont celles que représente David Rappeneau, artiste dont à vrai dire on ne sait que peu. Découvert à la foire Internationale cet automne sur le stand des new-yorkais de Queer Thoughts, la galerie Crevecoeur a eu l’excellente idée de lui ouvrir ses cimaises pour son exposition d’été. Ses dessins à l’acrylique sont à l’image d’un mois d’août à Paris, exprimant l’enfer et la stagnation par touches fluo et survêtements siglés.
David Rappeneau, $ + € à la galerie Crevecoeur à Paris
Projection et conversation : I Heard You Laughing
A la Fondation Kadist à Paris, les deux curatrices Myriam Ben Salah et Martha Kirszenbaum organisent un cycle de projection d’œuvres vidéos d’artistes du Moyen-Orient. A travers huit vidéos, qu’il s’agisse d’œuvres vidéo d’artistes contemporains ou de clip musicaux iconiques des années 1950 à 1970, le corpus choisi vise à déconstruire l’exoticisation du Moyen Orient dans le regard occidental qui, intégré par ces artistes eux-mêmes, a souvent conduit, comme elles le soulignent, à des « commandes tacites », à savoir à l’intégration des préjugés et de la dualité Est-Ouest. Au contraire, en ouvrant la place aux langages vernaculaires et au cosmopolisme digital, le panorama illustre toute la complexité faite de globalité et de localité, de tradition et de remix, qui infuse les productions des artistes de la région. Les projections seront suivies d’une conversation avec l’artiste Meriem Bennani, qui viendra présenter ses œuvres.
Projections et conversation : I Heard You Laughing (cur. Myriam Ben Salah et Martha Kirszenbaum) le 29 juin de 19h à 21h30 à la Fondation Kadist à Paris
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