Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain à Paris et en région
« Point Quartz/Flower of Kent »
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Entre l’art et l’artisanat, le flirt prend. C’est même l’une des grandes lignes de fond de ces dernières années en France, où de grandes exposition thématiques se sont employées à resserrer les liens entre deux domaines qui d’ordinaire se regardent en chien de fusil. Qu’il s’agisse de l’art textile (« Decorum » au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 2013), de la céramique (« Céramix » à la maison rouge en 2016) ou des bijoux (« Medusa », inaugurée il y a quelques semaines à peine au même Musée d’Art Moderne), ces expositions ne font pas que mettre en lumière un certain savoir-faire. En montrant la porosité entre beaux-arts et arts appliqués, c’est la déconstruction des barrière entre haute culture et culture pop qui se poursuit – en même temps qu’une réhabilitation plus que nécessaire de disciplines souvent dépréciées car jugées futiles, domestiques et… réservées aux femmes. A la Villa Arson qui inaugure ses nouvelles expositions d’été, « Point Quartz/Flower of Kent » permet de prolonger cette impulsion, et en même temps de décaler le point de vue. En confiant le commissariat à Frédéric Bauchet, artiste et professeur de céramique à l’école de la Villa Arson, cette exposition, réunissant vingt artistes contemporains (dont Marvin Gaye Chetwynd, Johan Creten, Bertrand Lavier ou Sterling Ruby) et réalisée avec l’aide des élèves, permet d’entrer dans le concret du médium. A travers un panorama d’oeuvres in situ au sol formant un paysage, « Point Quartz », qui désigne la température de 573° transformant l’argile en céramique, nous fait pénétrer à notre tour dans l’état mobile entre formation et création.
« Point Quartz/Flower of Kent » (cur. Frédéric Bauchet) et aussi « Stop Ma Pa Ta (Ma matière première n’est pas ta matière) » du 4 juin au 17 septembre à la Villa Arson à Nice
Cerith Wyn Evans
Un automate orphique. Cette formule à la beauté évanescente naît sous la plume de Cerith Wyn Evans pour décrire ses œuvres, sculptures lumineuses et sonores, souvent en verre, proposant au visiteur des expériences sensorielles immersives. Aux confins de l’invisible, ses grandes structures furtives reconfigurent la perception de l’espace en même temps qu’elles invitent à une expérience synesthésique. De manière liminaire, le titre énigmatique l’indique : « As if, seeing in the manner of listening… hearing, as if looking » – que l’on pourrait traduire par « comme si, en regardant comme si l’on écoutait… en écoutant comme si l’on regardait ». Les sens, dans l’espace de la galerie Marian Goodman sont mêlés ; on y fera l’expérience d’une perception altérée, où l’artiste nous fera percevoir une couleur à l’écoute d’un son ou à la vue d’une lettre de l’alphabet. Lustres en verre soufflé de Murano émettant en écho des compositions interprétées au piano par l’artiste, panneaux de verre transparents reflétant une écriture en néon ou encore les fameux tubes e verre transparents semblables à des flûtes jalonneront un parcours au sein de cette rétrospective où l’infra se conjugue au monumental.
Cerith Wyn Evans, « As if, Seing in the Manner of Listening… Hearing, as if Looking », du 6 juin au 28 juillet à la galerie Marian Goodman à Paris
« Faits alternatifs »
Si les médias semblent avoir découvert le terme de « post-vérité » à leur insu au cours de l’année, l’art a toujours été versé dans l’étude et la mise en œuvre de vérités alternatives, commentaires plus ou moins directs à l’actualité mais aussi dystopies concrètes mises en œuvres à fleur de réel. Au FRAC Poitou-Charentes, à la lumière de la postérité actuelle du terme, une exposition rétrospective s’intéresse aux « faits alternatifs » considérés depuis le champs de l’art – un champs où, en plus d’être légitimes, ces fictions alternatives se laisse approcher et étudier avec plus de sérénité que dans la tornade bouillonnante de l’actualité. Regroupant quinze artistes, dont Fayçal Baghriche, Syvie Blocher, Maryam Jafri, Kapwani Kiwanga ou encore Gianni Motti, l’exposition affiche l’ambition de constituer un panorama d’œuvres « remettant en question les récits qui, officiels, personnels ou convenus, (dé)servent des intérêts plus ou moins conscients« . Pas de vérités irréductibles donc, mais depuis des disciplines, époques et médiums différents, une constellation de variations autour de la cohabitation interreligieuse (Fayçal Baghriche), des hiatus entre images et légendes véhiculés par les documents relatifs aux indépendances africaines (Maryam Jafri), le temps long de la subduction des plaques continentales (Kapwani Kiwanga) ou encore un monument aux victimes de Guantanamo, angle mort du pouvoir répressif s’il en est (Gianni Motti).
« Faits Alternatifs », du 9 juin au 3 septembre au FRAC Poitou-Charentes sur le site d’Angoulême
« The hands of a barber, they give in »
Après un panorama consacré aux peintures et céramiques de l’artistes libanaise Simone Fattal, figure marquante de la vie intellectuelle du Beirut des années 1970, la galerie Balice Hertling fait le grand écart et invite l’artiste Xinyi Cheng, jeune peintre née en 1989 en Chine, formée aux Etats-Unis avant d’entamer une résidence à la Rijksakademie à Amsterdam. Deux parcours d’artistes cosmopolites dont les œuvres témoignent d’une attention méticuleuse portée aux petits riens du quotidien, aux confins entre l’histoire globale et les épiphanies éphémères. Dans ses tableaux, la jeune artiste figue ainsi les gestes d’une main sur la table d’une nappe, la lame d’un rasoir sur une nuque ou encore des figures pensives, où l’essentiel se joue toujours hors cadre. A la fois atemporel et furieusement incarné.
« The hands of a barber, they give in » de Xinyi Cheng jusqu’au 13 juillet à la galerie Balice Hertling à Paris
« Sweaty Hands »
Les installations et sculptures d’Agata Ingarden, née en 1994 et actuellement étudiante aux Beaux-arts de Paris donnent corps à des boucles temporelles, à la fois ancestrales et futuristes, où la matière se fossilise, colle, se liquéfie et envahit tout l’espace. Au sol, deux crabes au sol, créatures préhistoriques et robotiques à la fois carapaçonnées d’aluminium et de cuivre, semblent les seuls êtres vivants rescapés d’une catastrophe écologique. Dans ce panorama post-humain, « sec, dur et moite à la fois« , dans ce monde en train de fondre, ils incarnent, selon la commissaire Elisa Rigoulet, « une promesse de futur figée dans le passé« . Plus que jamais, les artistes doivent s’emparer de cette tâche : donner à voir ce que pourrait devenir un monde où les accords climatiques abandonnés déchaîneraient les catastrophes écologiques les plus noires.
« Sweaty Hands » d’Agata Ingarden, jusqu’au 1er juillet à EXO EXO à Paris
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