Le meilleur des expositions d’art contemporain dans toute la France en mai 2019.
Fake-news, poulpes et vaporetto
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
A partir du 8 mai, ne cherchez plus vos amis artistes, galeristes, curateurs : tout ce menu peuple de l’art aura déjà convergé, ou sera en chemin, pour Venise. Jusqu’en novembre, la Biennale d’Art de Venise investit l’Arsenale, les Giardini, les palais, les coins et recoins de la ville. La 58e édition de la plus ancienne biennale d’art s’ouvre cette année sous l’auspice des fake-news.
Pour l’exposition collective à l’Arsenale, le curateur Ralph Rugoff, l’actuel directeur de la Hayward Gallery à Londres, le même qui en 2015 prenait déjà les rennes de la 13e Biennale de Lyon, a réuni 83 artistes – tous vivants, et notablement plus jeunes qu’à l’accoutumée. A ceux-ci (dont Lawrence Abu Hamdan ; Korakrit Arunanondchai ; Ed Atkins ; Ian Cheng ; Jesse Darling ; Jon Rafman ou encore Hito Steyerl), il a demandé de produire deux œuvres distinctes : l’une s’inscrivant dans la veine de leur travail habituel, et l’autre en endossant une personnalité imaginaire. A la clef, une exposition dédoublée conçue comme la multiplication de vérités alternatives dans l’espace discursif actuel.
Aux Giardini, place comme chaque année aux pavillons nationaux. La France y sera représentée par Laure Prouvost, 41 ans et troisième femme à investir le pavillon. Intitulée Deep See Blue Surrounding You / Vois Ce Bleu Profond Te Fondre, son installation se composera d’un road-movie polyglotte à travers la France, que l’on contemplera depuis le ventre d’un poulpe. Chez les voisins, on ne loupera pas les pavillons de la Suisse (Jos de Gruyter & Harald Thys), de la Belgique (Jos de Gruyter & Harald Thys), de la Grande-Bretagne (Cathy Wilkes), de l’Estonie ou encore de Taiwan (Shu Lea Cheang).
• 58e Biennale Internationale d’Art de Venise, du 8 mai au 24 novembre
La traversée (dansée) des identités
Il y a trois ans apparaissait MOVE, le festival du Centre Pompidou dédié à la performance. Impulsé par Caroline Ferreira (à lire aussi : notre entretien avec la commissaire), l’événement se déploie chaque année dans les espaces gratuits de l’institution. Ces espaces traversés et traversants retrouvent alors, trois semaines durant, leur vocation initiale d’un forum ouvert où se mêlent et parfois se rencontrent visiteurs de passages, amateurs assidus et touristes égarés.
Dédiée au corps au sens large capté à travers les médiums de la performance, de la danse et de l’image en mouvement, l’édition 2019 aborde plus spécifiquement « la question des identités, des diasporas et des mémoires inscrites dans le corps« . Au programme cette année, Tarik Kiswanson, Emilie Pitoiset, Joao Pedro Vale & Nuno Alexandre Ferreira, Hannah Quinlan & Rosie Hastings ou encore Than Hussein Clark.
• MOVE, du 24 mai au 9 juin au Centre Pompidou à Paris
La jeune création tient salon
Chaque année, le Salon de Montrouge est l’occasion de prendre le pouls de la création contemporaine. Sélectionnés sur dossier, les artistes ont en commun d’avoir fait leurs études ou de travailler en France et de ne pas encore être représentés par une galerie. Dans les faits, cela donne un panorama certes de plus en plus diversifié en termes de nationalités (du moins, où la région parisienne ne domine pas), mais dont une grande majorité des artistes traverse la zone de turbulences située entre la sortie de l’école et les premières expositions en institution.
Telle est d’ailleurs bien la vocation du salon, doté de nombreux prix offrant des expositions (au Palais de Tokyo, à la Terrasse à Nanterre), des aides à la production ou des résidences (à Moly-Sabata). Dans une scénographie sobre ménageant un espace réservé à chacun des artistes, organisé selon quatre sections dessinant autant de rapports au monde, on arpente autant le Salon de Montrouge à la recherche de lignes fortes symptomatique de l’esprit du temps qu’on ne s’y laisse durablement happer par certaines présences magnétiques.
• 64e Salon de Montrouge, du 27 avril au 22 mai à Montrouge
La langue de l’ornement
On la découvrait d’abord à la 13e Baltic Triennial l’été dernier (à lire aussi : notre review de l’événement). Au CAC Vilnius, qui accueillait le premier chapitre de Give Up the Ghost, se dressait au sol une palissade de langues érectiles. En plâtre, elles serpentaient organiques et vivaces, en parfait dialogue avec l’exploration des corps sans organes contemporains par les jeunes artistes de l’exposition. Sauf que ces langues-là avaient originellement été pensées depuis le contexte des années 1990, par une sculpteure estonienne disparue en 2013 et depuis relativement tombée dans l’oubli hors de son pays natal.
Anu Põder, c’est son nom, réapparaissait quelques semaines plus tard, cette fois à Berlin, dans une exposition de groupe de la très hype galerie Kraupa-Tuskany Zeidler, ici encore entourée du plus en vogue de la jeune création. Un signe certainement, désormais entériné par une exposition solo en France. C’est à La Galerie – CAC Noisy-le-Sec que la curatrice invitée Barbara Sireix propose une entrée dans son travail au plus près du corps, du textile et des matériaux vernaculaires qu’elle inscrit alors, selon ses termes, au plus près des « paradoxes sensuels d’un monde dominé par l’économie post-industrielle« .
• Une pièce pour mon corps d’Anu Põder, du 18 mai au 13 juillet à La Galerie – CAC Noisy-le-Sec
Derniers jours : le post-exotisme exposé
Autour de la notion de « post-exotique » de l’écrivain Antoine Volodine, les curatrices Victorine Grataloup & Diane Turquety ont réuni onze artistes ou duo d’artistes dont la sensibilité s’enracine dans les vestiges d’une utopie qui ne subsiste qu’à l’état de rêve. Déterritorialisée, provenant comme par échos ou remontées d’acides, depuis les tréfonds ouatés d’une mémoire sourde comme le sont les bas-fonds sous-marins, cette utopie-là, cet exotisme-là, infuse désormais des œuvres que l’on qualifierait également, de manière certes plus convenue, d’hybrides.
Chez Nils Alix-Tabeling, Mathis Atlmann, Gaëlle Choise ou encore Mimosa Echard & Michel Blazy, les matières et les textures s’entremêlent et se contaminent, sous un filtre enveloppe d’un spectre moiré des pièces qui, sous une lumière plus crue, se lisent également comme les témoins d’une planète inexorablement contaminée.
• Aube immédiate, vents tièdes (cur. Victorine Grataloup & Diane Turquety), jusqu’au 9 juin à Mécènes du Sud à Montpellier
<< à lire et à voir aussi : Jutta Koether au MUDAM Luxembourg ; Lucie Stahl à la galerie Freedman Fitzpatrick à Paris ; Luigi Ghirri au Jeu de Paume ; Rayyane Tabet au Carré d’Art >>
{"type":"Banniere-Basse"}