Chaque mois, retrouvez dans “Les Inrockuptibles” le meilleur des expositions à voir en France.
Hyper-humain·es
C’est tout un pan de l’histoire de l’art américaine, encore peu exposée en France. L’hyperréalisme, né au creux des années 1960, connaîtra également son versant de sculptures. Des représentations souvent à échelle 1, voire un peu plus grandes, de presque humain·es d’une inquiétante étrangeté, qui nous toisent, prennent l’espace, s’affairent et provoquent la rencontre.
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Une interrogation éthique naît, sur ce qu’apparaître humain·e veut dire, sur les paramètres de la perception investie dans l’Autre également, renouvelée avec l’avancée de l’intelligence artificielle. Le Musée d’arts de Nantes présente, pour ce panorama inédit en France, une trentaine d’œuvres de onze sculpteur·rices internationaux·ales, de Duane Hanson à Tony Matelli, Berlinde de Bruyckere à Saana Murtti.
Hyper sensible. Un regard sur la sculpture hyperréaliste, du 7 avril au 3 septembre au Musée d’arts de Nantes.
Duel au sommet
Elle fait déjà l’événement : le duel orchestré à la Fondation Louis Vuitton rassemble deux monuments de la réinvention de l’art moderne occidental. Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987), qui firent entrer dans l’art le vocabulaire de la consommation de masse, des logos et des stars, pour mieux l’élargir à ses racines populaires et afro-américaines, son panthéon vibrant et son ébullition musicale.
On le sait moins, on l’a encore moins vu, les deux hommes réalisèrent 160 toiles ensemble, fruit d’une amitié créative tissée d’admiration et de rivalité, vécue à mille à l’heure. L’exposition se concentre sur ces années explosives, l’élargissant à la scène artistique du downtown new-yorkais des années 1980. Où l’on croise aussi Keith Haring, Francesco Clemente, Jenny Holzer, Futura 2000 ou Kenny Scharf.
Basquiat x Warhol, à quatre mains, jusqu’au 28 août à la Fondation Louis Vuitton à Paris.
À suivre
Cela fait quatre ans que le festival (gratuit) 100% L’EXPO rassemble, sous la charpente métallique de la Grande halle de la Villette et à travers un parcours en plein air, le meilleur de la jeune création contemporaine. Soit pour cette édition, une rencontre entre les disciplines créatives élargies, des arts plastiques et numériques à la photographie, au cinéma, au design et au stylisme à travers une sélection d’écoles d’art de l’ensemble du territoire.
Cette année, une cinquantaine de ces artistes en début de carrière sont rassemblés au sein de la scénographie recyclée des éditions précédentes. Certain·es ont déjà été repéré·es lors de premières participations à des expositions collectives ou individuelles, que l’on retrouve en un même espace, d’autres seront celles et ceux que l’on s’apprêtera à suivre les années à venir. Avec notamment, Neïla Czermak Ichti, Théophylle DCX, Lou Fauroux, Ibrahim Meïté Sikely, Sacha Rey ou Shivay La Multiple.
100% L’EXPO jusqu’au 23 avril à La Villette à Paris.
Multivers contre Metavers
Tabita Rezaire a la petite trentaine, et pourtant, elle a déjà marqué la décennie précédente. Durant les années 2010 du post-internet triomphant, cette ère des réseaux qui aura cru à un art sans frontières émancipé par les utopies cyber-féministes des confins du corps, elle aura réinjecté un positionnement politique et situé rappelant les biais inscrits au cœur de nos systèmes technologiques, pour mieux penser les mondes véritablement futuristes, c’est-à-dire délestés des carcans de la matrice occidentale positiviste.
Depuis, l’accès à un autre monde s’est approfondi chez elle : la veine cosmique et mystique est toujours là, mais réinscrite, alors que la terre brûle et que les théoricien·nes appellent à une survie qui devra passer par le réinvestissement des techniques de survie pré-coloniales, au plus près de la mémoire corporelle. Devenue agricultrice, professeure de yoga et chaman, sa première exposition solo en France aux Abattoirs de Toulouse rejoint l’un et l’autre versant de sa pratique – et tombe à pic.
Tabita Rezaire, fusion élémen.terre du 7 avril au 27 août aux Abattoirs à Toulouse.
Insta-Génération
La jeune artiste et performeuse Oroma Elewa aura d’abord entamé le projet sous la forme de performances sur Instagram. Une réflexion sous la forme de mèmes autour de la féminité contemporaine, celle d’un ensemble de femmes noires cosmopolites qui ont les deux pieds dans l’ère des réseaux. Leur vie vécue sous la forme de fiction reflète leurs expérimentations face à la caméra, par des fragments de textes autour du sexe, du genre, de la classe et des rapports socio-économiques de pouvoir.
Par une grammaire à la fois hypercontemporaine et accessible à tout·e humain·e connecté·e, ses associations coup de poing d’un texte (blanc sur noir, en majuscules) et d’une photo (noir et blanc, rendu léché et d’une perfection luxueuse) rejouent également, au fil d’une seconde lecture, les expérimentations de la Picture Generation américaine des années 1970-1980 (les Cindy Sherman et autres Richard Prince), dont l’artiste décale l’époque mais aussi, et l’air de rien, le centre de gravité normatif nord-américain.
Oroma Elewa. CORPORATE ASHAWO jusqu’au 29 avril à la galerie In Situ – Fabienne Leclerc à Romainville.
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