Les Inrocks ont 30 ans mais regardent devant : les révélations de demain en arts et en scènes selon la rédaction.
Noé Soulier, 29 ans, chorégraphe
En guise de site internet, Noé Soulier s’offre un tumblr sans esbroufe. Sur la page d’accueil, une esquisse et des mots comme “objectivité”, “rythme”, “langage”, “environnement”. En quelques pièces, son nom s’est imposé : qu’il travaille sur le vocabulaire classique ou sur une approche plus conceptuelle, sa danse affiche une surprenante maturité. Dans le récent Removing, il trouve une partie de son inspiration à partir du jiu-jitsu. Il faudra compter sur ce chorégraphe, ancien étudiant en philosophie qui s’affranchit des cadres trop rigides, aussi à l’aise dans un théâtre que dans un jardin. D’une compagnie de ballet à un solo, Noé Soulier s’adapte sans jamais plier. Surtout, il crée sans attaches géographiques : le monde (de la danse) lui appartient. PN
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Gal Hurvitz, 28 ans, metteur en scène
Comment créer du vivre ensemble en Israël aujourd’hui ? C’est pour répondre à ce dilemme contemporain que cette Israélo-Polonaise a fondé, fin 2014, l’association Etty Hillesum. Située au cœur d’un quartier défavorisé de Jaffa, elle porte le nom de l’auteur d’Une vie bouleversée, journal d’une Juive néerlandaise morte à Auschwitz à 29 ans. Chaque jour, cinquante jeunes juifs, musulmans ou catholiques issus de milieux en difficulté y jouent Tchekhov, Molière ou Tennessee Williams. “Si on ne travaille pas forcément sur le conflit, ma démarche n’en est pas moins politique, précise Gal. Mon théâtre est un lieu de mixité et de paix, et il y en a peu en Israël.” AL
Lola Gonzàlez, 27 ans, plasticienne
On a traversé l’année 2015 en compagnie de Lola Gonzàlez et sa bande d’amis. Après les attentats du 13 novembre, c’est elle que nous sommes allés voir, tant ses dernières œuvres offraient des échos troublants avec les événements et le climat ambiant : vidéos, jeux de rôle et performances dans lesquelles on regarde grandir, sous l’ombre d’une menace jamais formulée, une génération de trentenaires inquiète et inquiétante mais toujours soudée. Totalement singulière dans le paysage français où elle remet au centre du jeu deux notions passablement oubliées, la communauté et l’émotion, Lola Gonzàlez, formée à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et représentée aujourd’hui par l’une des galeries les plus pointues de Belleville (Marcelle Alix), a un avenir radieux devant elle. CM
Rachel Rose, 30 ans, vidéaste
Née à New York, cette vidéaste est exemplaire de la génération des digital natives. Si ce n’est pas elle qui s’imposera dans les trente ans à venir, ce sera à coup sûr cette mouvance post-internet dans laquelle elle circule aux côtés d’une Camille Henrot ou d’un Ed Atkins, entre autres. Hypnotiques, ses montages vidéo naviguent entre différents régimes d’images de toutes les époques, des peintures de Nicolas Poussin à la vidéo amateur. Loin de la mode, elle interroge l’histoire et notre condition de mortels. Rachel Rose fait un départ fulgurant et plein de promesses : après son premier solo show en 2014 dans la galerie émergente Hight Art à Paris, elle se retrouve propulsée pour d’autres expos à la Serpentine Gallery de Londres ou au Whitney Museum de New York. Compagne de l’artiste Ian Cheng connu pour ses films d’animation déroutants, elle a déjà intégré le groupe d’artistes que consulte la Fondation Luma à Arles. Un signe pour l’avenir. Jmx
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