Chaque semaine, le meilleur des expositions art contemporain, à Paris et en province.
Terry Richardson
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On l’avait laissé quelque part entre deux scandales pour harcèlement sexuel. Régulièrement, il publiait sur son « diary » de nouvelles photos de lui en bonne compagnie et sempiternel combo chemise de bucheron / lunettes de trucker 70s. Pour sa nouvelle expo à la galerie Perrotin à Paris, la première à la galerie depuis 1999, il a délaissé studio et mondanités pour aller sillonner deux ans durant les Etats du grand ouest américain. Son ambition : documenter les coutumes estivales américaines, les foires, festival et autres parades.
De ce retour derrière le viseur résulte une série de photos d’où l’humain s’est retiré. Au sein des paysages sauvages ne subsistent que des écriteaux, graffitis et publicités, qui exhibent le panorama d’une société américaine régie par deux obsessions majeures : le sexe et la religion. « Partout où j’allais, des fanatiques me rappelaient que Jésus m’observait, que ceux qui ne vont pas à l’église sont condamnés à brûler en enfer, que les Dix Commandements sont bien réels et à prendre très au sérieux. Parallèlement, nous sommes cernés de sex-shops, de clubs de striptease et de pornographie ». Une redécouverte du photographe derrière la panoplie.
« The Sacred and The Profane » de Terry Richardson, du 7 mars au 11 avril à la galerie Perrotin, Paris. Avec en parallèle l’exposition « Music » de Xavier Veilhan.
Chercher le garçon
« Une exposition collective d’artistes hommes ». On tique un peu à la lecture du titre. « Artistes hommes » ? Ne pourrait-on pas dire artistes tout court ? Apparemment non, puisque que les expositions consacrées aux artistes femmes font florès, et que cette distinction, celle d’ « artiste femme », par la force de l’habitude sans doute, nous semble bien plus normale. De mai 2009 à mai 2010, l’exposition Elles@centrepompidou avait présenté au public les œuvres de plus de 200 artistes femmes du vingtième siècle. L’exposition Chercher le garçon au MAC VAL, en reprenant une distinction genrée, ne fait pas qu’inverser la tendance.
Car si la liste d’artiste est bel et bien exclusivement masculine, une seconde ligne thématique vient s’ajouter. Ici, le masculin devient synonyme de la figure du grand artiste. Autre stéréotype, retors en effet, que celui de l’artiste génial, conquérant, novateur, et souvent, de fait, masculin et blanc. « Rejetant tout autoritarisme, questionnant les valeurs traditionnellement associées à la masculinité (efficacité, autorité, héroïsme, conquête, force, etc.), Le masculin y est mis en questions dans toute sa plasticité ». Une expo ambitieuse qui réunit plus d’une centaine d’artistes et vise la déconstruction des systèmes de domination tous azimuts.
Exposition collective « Chercher le garçon » (commissaire : Frank Lamy), du 7 mars au 30 août au MAC VAL à Vitry-sur-Seine.
Zombie Routine
On avait pris l’habitude depuis quelques temps d’aller prendre le pouls de la jeune création contemporaine dans un atelier de Belleville. Au 10ter rue Bisson, le collectif EXO EXO, composé de l’artiste Antoine Donzeaud et Elisa Rigoulet, présente régulièrement des propositions regroupant des artistes souvent inconnus mais toujours novateurs, de ceux qui ne craignent pas de se frotter à la matière numérique. Cette fois, c’est entre les murs de la New Galerie à Paris qu’il présenteront leur nouvelle expo, Zombie Routine, avec les travaux de six artistes, Bending Binding, Skye Chamberlain, Hadrien Gérenton, Béatrice Marchi, Jaakko Pallasvuo, Jana Schröder. Pourquoi des zombies ? Parce que « les œuvres des artistes ont toutes quelque chose à voir avec un environnement visuel qui touche à la quotidienneté. Une chaise, un morceau de papier sur lequel traîne un griboulli, une plante, un masque, une vidéo à partager sur les réseaux sociaux, un tuto de céramique, un tag tracé au doigt sur une surface poussiéreuse, un sac de voyage, une bouteille enfouie, ils sont les fantômes de nos manies, les zombies de notre routine« .
Exposition collective « Zombie Routine » (commissaires : EXO EXO) du 12 mars au 26 mars à la New Galerie à Paris
Biennale Circonférences
Un plateau, un micro, un pupitre, et un parterre : la conférence a ses codes, et la transmission de savoir n’est jamais tout à fait dénuée d’une certaine mise en scène. En partant de ce constat, plusieurs artistes se sont intéressés au genre de la conférence, dont ils détournent les codes. La première édition de la Biennale Circonférences au théâtre des Ursulines à Château-Gontier regroupe neuf de ces propositions, et permet de donner une visibilité à un genre émergent. Parmi-celles-ci, Guillaume Désanges réactivera son histoire de la performance en 20 minutes où il met en évidence les dix gestes principaux de la performance, joués sur scène par un acteur : apparaître – recevoir – retenir – fuir – viser – chuter – crier – mordre – se vider – disparaître (5 mars) ; Arnaud Labelle-Rojoux compilera, dans son Petit abécédaire illustré de la chute, toutes les occurrences de chute à travers du l’histoire du cinéma (7 mars) ; et Jean-Yves Jouannais présentera un nouveau chapitre de son Encyclopédie des guerres (7 mars), projet impossible d’une documentation exhaustive de toutes les guerres – qui a déjà trouvé son cercle d’aficionados parisiens tous les premiers jeudis du mois au Centre Pompidou.
Biennale Circonférences, 1ère édition, avec Guillaume Désanges, Gilles Clément, Alexandre Périgot, Jean Boucault & Johnny Rasse, Loïc Touzé, Nathalie Quintane, Antoine Poncet, Arnaud Labelle-Rojoux, Jean-Yves Jouannais, du 5 au 7 mars au théâtre des Ursulines au Château-Gontier. Programme complet sur le site.
Marcelline Delbecq (performance)
A la Fondation Ricard, pour la troisième et dernière des lectures qui sont venues ponctuer son expo, Marcelline Delbecq invite le chorégraphe Rémy Héritier à performer sa pièce Dispositions, et l’écrivain Fabrice Reymond à lire et commenter des extraits de ses livres Anabase, Canopée et L’eau se rappelle la cascade (Mix éditions, 2009, 2012 et 2015). Deux interprétations singulières d’un réel qui échappe à lui-même, dans le cadre d’une expo autour de l’exploration des images mentales, celles qui surgissent dans l’interstice entre texte et image.
« Quand je pense à quelque chose, je pense toujours à autre chose », performance de Marcelline Delbecq avec Rémy Héritier et Fabrice Reymond, le 6 mars à 19h. Dans le cadre de l’exposition de Marceline Delbecq, « Silence trompeur », du 22 janvier au 7 mars à la Fondation d’entreprise Ricard à Paris.
{"type":"Banniere-Basse"}