Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain, à Paris et en province.
« Cosa mentale »
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Comment expliquer les débuts de l’abstraction et ses évolutions ultérieures? Quelles transformations sociales reflète l’invention de formes sans équivalent visuel dans la réalité extérieure ? Au Centre Pompidou Metz, l’ambitieuse exposition « Cosa Mentale » fait prendre un virage neuf à l’histoire de la modernité artistique. Son commissaire, Pascal Rousseau, s’était déjà penché sur les origines de l’abstraction au Musée d’Orsay en 2003, et sur l’hypnose dans l’art contemporain au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne en 2006. A Metz, la proposition relie ces deux thématiques, déroulant le fil d’un fantasme tenace : depuis le tournant du XIXe siècle jusqu’à nos jours, du symbolisme à l’art contemporain, la modernité artistique est rythmée par l’obsession de communication directe des émotions et de la pensée. Cette obsession, c’est la télépathie qui, loin d’être cantonné à une poignée de mystiques allumés ou de hippies sous influence, nous fait traverser, au gré d’une centaine d’œuvres, plus d’un siècle de création plastique.
Jusqu’au 28 mars au Centre Pompidou Metz
Roman Signer
L’artiste suisse Roman Signer représente l’antithèse de tous les clichés que l’on pourrait avoir sur son pays d’origine. Ou plutôt, la subversion méthodique de tous ceux-là. Car si ses œuvres mettent généralement en scène des mécaniques, nulle précision d’horlogerie n’est à l’œuvre : comme chez ses compatriotes (et complices en destruction) Jean Tinguely ou Fischli & Weiss, ça suinte, ça explose et ça s’autodétruit. Entre land art et performance, ses « action sculptures » mettent en danger des objets du quotidien : parapluies, bottes en caoutchouc, ventilateurs ou encore kayaks se retrouvent défenestrés, suspendus, électrocutés, propulsés au milieu d’un lac. Pour sa cinquième expo solo à la galerie Art :Concept, l’artiste délaisse un temps la turbulence pour faire place à une poésie tout en retenue, offrant à ses objets de prédilections tant maltraités un sanctuaire éphémère, ceux-ci venant ponctuer délicatement l’espace de la galerie pour en révéler les interstices de vides, et faire se confondre absence et absurde.
Jusqu’au 23 décembre à la galerie Art:Concept à Paris
Claire Fontaine
« Love is never enough« . C’est Claire Fontaine qui le dit. Précisons qu’il ne s’agit pas là du nouveau slogan publicitaire de la marque de cahiers d’écoliers, mais bel et bien du titre de la nouvelle expo du collectif du même nom. Et pourtant, à la galerie Air de Paris, il y a un peu de l’un et de l’autre. De ces amours imaginaires entre un collectif artistique et une marque naît une tonalité mi-cynique mi-ready made. En guise d’amour, ce sera la « banqueroute émotionnelle de notre temps » qui sera abordée. A commencer par le néon « OPEN » des devantures d’enseignes commerciales qui pare dès lors l’entrée de la galerie, prélude à une sélection d’œuvres récentes qui, outre les messages en néons, comprendra aussi un ensemble de nouvelles peintures de l’artiste collective.
Jusqu’au 19 décembre à la galerie Air de Paris à Paris
« Space is the place »
L’air du temps est à l’espace : après l’ouverture de l’exposition de Kapwani Kipanga à la galerie Jerôme Poggi, artiste influencée par l’afrofuturisme, et celle du jeune artiste Raphaël Barontini, infusée de créolité, voilà que la galerie Triple V inaugure une troisième expo qui, elle aussi, se place dans cette lignée. A savoir celle du musicien Sun Ra, dont le film et l’album cultes Space is the place du début des années 1970 fournit l’inspiration commune à ces trois expos parisiennes. A Triple V, le group-show regroupera des artistes de la galerie : David Malek, Gerald Petit, Nicolas Roggy, Sylvain Rousseau, Blair Thurman, John Tremblay. Et nous fait par là entrevoir que cette fois, c’est de l’espace au sens premier qu’il sera question : celui de la peinture, de son occupation de la toile et de sa sortie du cadre, pour six artistes dont l’un des points communs serait une certaine exploration des limites du médium, parasitant la peinture par la sculpture.
Jusqu’au 19 décembre à la galerie Triple V Paris
Hann Mook & Lee Ungno ; Edith Dekyndt ; Rémy Zaugg
Le Consortium à Dijon inaugure un nouveau cycle d’expositions composé de trois monographies. Dans le cadre de l’année de la Corée en France, le centre d’art accueille le duo Hann Mook & Lee Ungno, deux peintres modernistes encore relativement méconnus hors de leur pays d’origine bien que tous les deux, au milieu du siècle dernier, se soient installés à Paris. Cet exil artistique constitue le point commun de deux trajectoires dissemblables, mêlant étroitement modernisme et héritage oriental. Quelques cimaises plus loin, une rétrospective consacre l’œuvre trop rare de Remy Zaugg à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, artiste suisse, écrivain et commissaire d’exposition que l’on découvrait notamment l’an passé au Centre Culturel Suisse à Paris, où était montrée une douzaine des petits formats où il s’appliqua minutieusement à tracer au pinceau des mots ou fragments de phrases. Enfin, focus sur l’artiste belge Edith Dekyndt, dont les œuvres à fleur de surface explorent les infimes transformations de la matière, s’appliquant à subvertir les frontières entre les êtres et les choses.
Jusqu’au 24 janvier au Consortium à Dijon
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