Chaque semaine, le meilleur des expositions art contemporain, à Paris et en province.
Bridget Riley
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Ça pulse et ça vibre chez Bridget Riley, figure incontournable de l’Op’ Art dont elle est l’une des rares femmes. Né au cœur des swinging sixties, l’Op’ Art est un courant artistique dont l’ambition est de mettre en mouvement le plan du tableau, mais aussi de faire bouger les lignes d’un art que l’on souhaitait démocratique, à portée de tous, et qui se laisserait aborder sans autre attirail théorique que l’envie de se laisser happer par ces machines à faire tanguer le monde. Les tableaux abstraits de Bridget Riley se fondent sur un principe aussi simple qu’imparable : de fines lignes noires et blanches se gondolent et se tordent afin de faire s’animer le plan du tableau. Au cours des décennies suivantes, la couleur fait irruption dans son œuvre, qui déborde alors du châssis pour aller lorgner du côté de la monumentalité de la fresque. Pour la première expo monographique de l’artiste depuis la grande rétrospective que lui consacrait le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 2008, la galerie Max Hetzler présente un aperçu complet de sa production, mais aussi de nouveaux travaux. Renversant.
Bridget Riley, du 5 mai au 6 juin à la galerie Max Hetzler à Paris
Laure Prouvost
« This image is undressing you… You drink this image… », susurre une voix enfantine dans un anglais mâtiné de gouaille frenchy. Cette voix, c’est celle de l’artiste française Laure Prouvost s’adressant à nous dans sa vidéo Swallow (2013). Le ton est donné : le plaisir de l’image éveille tout autant les sens que les images du plaisir. A travers les yeux d’un hypothétique esthète parti en Italie rejouer le Grand Tour, ce voyage de formation aux beautés de l’art et du monde qu’entreprenait autrefois tout artiste digne de ce nom, la vidéo est une succession de plans capiteux : des scènes de baignades en eaux cristallines, le bruit d’une bouteille que l’on débouche, une respiration saccadée qui vient ponctuer les plans, un téton enveloppé d’une figue mûre. La cadence est enlevée, la richesse des textures délectable, la facture à la fois artisanale et maîtrisée à la microseconde près. 2013, l’année où l’artiste réalise cette vidéo, est aussi celle où elle gagne le prestigieux Turner Prize anglais. Par la suite, Swallow a été beaucoup montrée, mais on s’en délecte toujours autant.
« Swallow » de Laure Prouvost, du 7 mai au 21 juin au CAPC à Bordeaux
Julien Creuzet
A quelques années près, Julien Creuset est né en même temps que l’expo Les magiciens de la terre du commissaire Jean-Hubert Martin, un jalon dans une longue lutte loin d’avoir été menée à son terme : celle de la visibilité des pays non-occidentaux sur l’échiquier de l’art contemporain. C’était en 1989. Aujourd’hui, Julien Creuzet, jeune artiste d’origine martiniquaise, continue à donner corps à la pensée du métissage et des échanges tous azimuts. Ainsi de ce format qu’il invente et qui donne son nom à son expo au Frac Basse-Normandie, l’opéra-archipel, joyeux métissage des références et des formes. Un imaginaire hybride où se mêlent « des références à « L’Empire de Fez » (volume 8 de « Toutes nos colonies », 1931), le portrait en creux d’une inconnue berbère dans le RER, une danse avec Madonna » comme se rencontrent les médiums, dans des installations où interagissent texte, voix, images, gestes, musique et objets.
« Opéra-archipel, ma peau rouge, henné » de Julien Creuzet, du 7 mai au 21 juin au Frac Basse-Normandie à Caen
« Gerald Thomassin »
On lui décerna le César du meilleur espoir en 1991 pour son rôle dans Le Petit Criminel de Jacques Doillon. Gerald Thomassin, enfant de la Ddass, avait alors 16 ans. 24 ans plus tard, en 2013, il sera accusé du meurtre barbare d’une postière de l’Ain. C’est cette équation invraisemblable, et les doutes qui planent encore sur ce cas judiciaire hors norme et cette biographie décousue, que le photographe Alexandre Guirkinger (collaborateur régulier des Inrocks) est allé épingler lors d’un reportage avec la journaliste Florence Aubenas dans le village de Montréal-La-Cluse. Conçue comme une enquête, où se mêlent les images à la chambre noire ou moyen format des lieux traversés par Thomassin et de très beaux portraits tramés réalisés à partir des images vidéo-projetées des films que l’acteur continuera d’habiter entre ces deux dates et ses échappées vagabondes, l’exposition joue la carte d’une certaine sobriété. Un parti pris judicieux face à l’énormité du scénario.
« Gerald Thomassin » de Alexandre Guirkinger, jusqu’au 16 mai à rvb books à Paris
« Nuvolari, Natural Beginners »
Nuvolari, c’est ce projet à géométrie variable et sans domicile fixe, élaboré par l’artiste Alex Cecchetti et la commissaire Blanche de Lestrange. Pour sa deuxième occurrence, c’est dans une maison de la banlieue parisienne que l’ovni Nuvolari, placé cette fois sous le signe de l’érotisme, a fait escale. Avec, au programme des œuvres, performances et lectures d’Alex Cecchetti, Tim Etchells, Katsushika Hokusai, Patrizio di Massimo, Carlos Motta, Francesco Pedraglio, Heather Phillipson ou Laure Prouvost. Ainsi qu’un aperçu de la collection Ferry Bertholet dédiée à l’art érotique asiatique.
« Nuvolari, Natural Beginners » (commissariat : Blanche de Lestrange et Alex Cecchetti) jusqu’au 17 mai à La Rouvraie, 1 chemin du Taillis , 78490 Grosrouvre
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