Chaque semaine, le meilleur des expositions art contemporain, à Paris et en province.
Re-Corbusier
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En guise de célébration (on fête cette année le cinquantième anniversaire de la mort de Le Corbusier), ce sont deux grenades dégoupillées qu’ont déposées, au pied de l’autel, les écrivains François Chaslin et Xavier de Jarcy avec les ouvrages Un Corbusier et Le Corbusier, un fascisme français. Deux biographies à charge dans lesquelles sont révélés ou confirmés les liens profonds que le grand Corbu, né Jeanneret, entretenait avec le régime de Vichy mais aussi le national socialisme d’Adolf Hitler. Jusqu’au revirement de la fin de la Seconde Guerre mondiale, où le Corbusier prit soin de gommer les vilaines tâches de sa légende en marche. Reste l’héritage légué par cet architecte et designer de génie, dont le vocabulaire moderniste épuré continue encore aujourd’hui d’inspirer bon nombre d’artistes. Avec Re – Corbusier, c’est ce dialogue que met en scène la Fondation Le Corbusier qui présente pour l’occasion les œuvres d’une dizaine d’artistes contemporains (de James Angus à Pierre Bismuth en passant par Ryan Gander, Simon Starling ou Heidi Wood).
« Re – Corbusier », du 1er avril au 6 juillet à la Fondation Le Corbusier, Paris
« Or il fut un temps passé où le futur était présent »
Pour le commissaire d’exposition Guillaume Désanges, la Seine-Saint-Denis est un creuset des luttes politiques qui ont agité la France au cours du dernier siècle. A partir de fonds locaux, dont la plupart proviennent des archives départementales de la Seine-Saint-Denis, il propose un dispositif d’exposition original, qui comprend des films, des objets, des tracts, des affiches et des œuvres contemporaines. Diffusé en boucle, un montage subjectif d’extraits de films traduit une vision cyclique de l’histoire, entre poésie et analyse historique. S’alternent les scènes de liesse et les occupations d’usines, les petits riens du quotidien et les grands moments de l’histoire en train de s’écrire.
« Or il fut un temps passé où le futur était présent » (commissariat : Guillaume Désanges, dans le cadre du programme Chapelles Vidéo), du 26 mars au 4 mai au Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis
Dorothy Iannone
Quel rapport entre Tropique du Cancer, capiteux roman d’Henri Miller et Dorothy Iannone, l’artiste mise à l’honneur dès ce week-end à la galerie Air de Paris ? L’érotisme subtil qui imprègne les œuvres de l’un et de l’autre assurément, mais pas uniquement. Il est souvent ignoré que c’est Dorothy Iannone, diplômée de littérature avant d’être peintre et illustratrice, qui a permis l’importation du roman aux États-Unis, en attaquant avec succès le gouvernement qui l’avait censurée. C’était en 1961. A partir de cette décennie, elle poursuivra elle-même, dans ses recherches plastiques, la lutte en faveur de l’amour libre et pour l’émancipation des femmes. Pour cela, elle puise dans des sources éclectiques, parmi lesquelles le bouddhisme tibétain, le tanstrisme indien, ou le baroque européen. Après deux imposantes rétrospectives en 2014 à Berlin (à la Berlinische Galerie) et Zurich (au Migros Museum), on la retrouve dans sa galerie parisienne. Ses fans, qui ont créé sur Facebook une société quasi-secrète intitulée « The Dorothy Iannone Appreciation Society » apprécieront. Les autres aussi.
Dorothy Iannone, « Welcome to Our Show », du 28 mars au 10 mai, à la galerie Air de Paris à Paris
Dominique Petitgand
Pour l’artiste sonore Dominique Petitgand, le centre d’art et du paysage de Vassivière, avec ses châtaigniers, ses pins et ses fougères, c’est sans doute la panacée. Un réservoir de bruits, de chants et de silences dans lequel cet expert de l’infra-mince ne manquera pas de puiser son vocabulaire. En tout, ce sont 5 œuvres sonores qui sont présentées, dans le bâtiment d’Aldo Rossi mais aussi dans le phare et le bois de sculptures adjacents.
« Il y a les nuages qui avancent », jusqu’au 21 juin au Centre International d’art et du paysage, île de Vassivière, Limousin
« Tout homme est un artiste » (conférence)
« Tout homme est un artiste » est une petite phrase en apparence anodine mais en réalité profondément provocatrice prononcée par l’artiste allemand Joseph Beuys. Le même qui sur la photo ci-dessus brandit un lapin à qui il se propose, lors d’une performance, d’expliquer l’art contemporain. Ce décloisonnement radical qui met l’art à portée de lapins comme Céline mettait l’éternité à portée de caniches a un équivalent : la Réforme protestante, et plus précisément, la déclaration de Luther qui affirme que « Tout homme est un prêtre« . Deux phrases dont la confrontation ont poussé le philosophe et essayiste Mark Alizart à percevoir des affinités électives entre protestantisme et postmodernité, et à s’embarquer dans relecture audacieuse de notre histoire moderne et contemporaine. Après dix ans de recherches, il en a tiré un livre, Pop Théologie, qu’il viendra présenter lors d’une conférence au Palais de Tokyo le 1er avril.
« Tout homme est un artiste », une conférence de Mark Alizart autour de son livre « Pop Théologie, le 1er avril à 19h au Palais de Tokyo à Paris
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