Chaque semaine, le meilleur des expositions art contemporain, à Paris et en province.
Pauline Boudry / Renate Laurenz
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Un genre ? La performance filmée, lors d’une prise unique en 16mm. Une obsession ? La représentation des corps stigmatisés – monstrueux, pervers, travestis. Une ritournelle visuelle ? Les rideaux de strass, les écrans de fumée colorée, les projections d’images à même les chairs. Depuis 2004, le duo d’artistes Pauline Boudry et Renate Laurenz redonne vie à des documents d’archives où se raconte l’histoire de corps qui résistent à la normalité. Leur expo solo à la BF15 sera l’occasion de présenter un nouveau film, Opaque. Dans les décombres d’une ancienne piscine municipale, les rideaux roses zébrés et à imprimé camouflage mettent en scène le thème de l’opacité. Derrière celui-ci, comme en enfilade, c’est un second thème qui se fait jour, celui des identités queer en temps de guerre.
« Opaque » de Pauline Boudry / Renate Laurenz, du 3 avril au 30 mai à La BF15 à Lyon
Kaz Oshiro
Kaz Oshiro est un illusionniste, dont le numéro d’escamoteur est redoutablement au point. Né en 1965 au Japon, il s’est fait connaître par des œuvres qui, à première vue, semblent des objets usuels du quotidien. Ainsi l’espace d’exposition est-il encombré de conteneurs poubelles, lave-linges, placards, amplis. Réalistes en tous points, ils viennent avec humour réactiver le pouvoir illusionniste de la peinture hyperréaliste, tout en venant concurrencer le ready-made sur son propre terrain. Il suffit cependant d’aller voir l’envers du décor pour découvrir la supercherie : les objets sont laissés ouvert par l’arrière, où la toile brute s’exhibe à quiconque souhaite en connaître les ficelles. Des œuvres que l’on retrouvera à sa galerie Frank Elbaz, complétées par une nouvelle série : des monochromes qui semblent avoir été tordus à main nue, dont la surface garde les stigmates de maltraitances passées. En définitive, il s’agit de deux attitudes face à l’art : esprits rationnels et âmes rêveuses sont ici comme les deux faces d’un même châssis.
Diffuse Reflection de Kaz Oshiro, du 4 avril au 16 mai à la galerie Frank Elbaz à Paris
Carol Rama
« La passion selon Carol Rama ». C’est sans doute, en effet, du côté de la passion que se laisse le mieux aborder l’œuvre foisonnante de cette Italienne longtemps marginalisée, née en 1918 à Turin, et montrée pour la première fois en France ce printemps au Musée d’art moderne. Entre surréalisme, art concert, pop art et arte povera, Carol Rama est une artiste inclassable. Obsessionnelle aussi, pour celle qui fait du corps dans tous ses états son sujet, qu’elle représente entre folie, fétichisme, plaisir, animalité, scatophilie et pulsions morbides. Le texte de presse le rappelle : « Cette œuvre forme un corps hybride, où les sujets et les techniques ne font qu’un : de la ‘bouche-aquarelle’ au ‘pénis/sein-caoutchouc’, en passant par ‘l’œil-bricolage’. » On retiendra particulièrement les dernières sculptures en caoutchouc des années 2000, pour lesquelles elle dit s’inspirer de la mucca pazza (la vache folle), résolument duchampiennes et absolument féministes.
« La passion selon Carol Rama » (commissariat : Anne Dressen), du 3 avril au 12 juillet au MAMVP à Paris
Laurent Tixador
A la rentrée, Laurent Tixador reliait à pied Nantes à Paris. Un projet qui s’inscrivait dans le cadre de la Biennale de Belleville, alors dédiée au thème de la marche. A cette occasion, il documentait son trajet en réalisant de petits objets à partir de déchets collectés au cours de son périple, témoignant de la situation d’inconfort du nomade moderne que plus rien n’oblige à cheminer à pied. L’expérience immédiate de l’environnement, le refus d’ajouter au monde des objets, et l’économie de la récupération sont les principales thématiques d’une œuvre qui ne se conçoit qu’en mouvement et en situation. Invité à exposer à sa galerie parisienne In Situ (nom adéquat s’il en est), sa démarche prolonge cette volonté de travailler avec ce que son environnement immédiat met à sa disposition. Dans le cas du white cube, l’environnement est aride. C’est donc à l’extérieur qu’il puisera son matériau source, en habillant pour un temps la galerie tout entière de bois de platane, pour lui l’arbre citadin par excellence.
« Electroplatane » de Laurent Tixador, du 4 avril au 16 mai à la galerie In Situ Fabienne Leclerc à Paris
Leiris & Cie
Peu d’écrivains du XXe siècle auront fait preuve d’autant de perspicacité : véritable maître de l’auto-analyse littéraire, Michel Leiris s’est trouvé des doubles dans les figures de Picasso, Miro, André Masson, Giacometti, Wilfredo Lam ou Francis Bacon. Mais il fut aussi un ethnographe essentiel du Musée de l’Homme, ouvert à un regard post-colonial. Du surréalisme au post-colonialisme, l’expo Leiris est en somme une histoire incarnée du XXe siècle.
Exposition collective « Leiris & Cie », jusqu’au 19 septembre au Centre Pompidou-Metz
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