À la fois sculpteur, plasticien et cinéaste, Christian Boltanski s’est éteint mercredi 14 juillet. Il avait 76 ans.
Il avait réuni les battements de 75 000 cœurs sur une île japonaise (Les archives du cœur, Musée de l’Île de Teshima 2008), représenter les horreurs de la guerre avec des murs blancs recouverts de vieux vêtements (Réserve, 1990), installé dans le nord de la Patagonie des trompes pour parler avec les baleines… Artiste majeur de la seconde moitié du XXe siècle, Christian Boltanski est décédé ce mercredi 14 juillet.
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C’est Bernard Blistène, l’ancien directeur du musée d’art moderne au centre Pompidou qui a annoncé la sombre nouvelle. « Il est mort ce matin à l’hôpital Cochin (à Paris), où il était depuis quelques jours. Il était malade. C’était un homme pudique, il a caché les choses aussi longtemps qu’il a pu”, a-t-il déclaré à l’AFP.
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“Une lutte contre l’oubli et la disparition“
Fils d’un médecin d’origine ukrainienne et de confession juive et d’une mère française, Christian-Liberté Boltanski est né le 6 septembre 1944. Son œuvre a été traversée par l’inquiétude de la mort, la peur de la disparition et de l’absence, la quête de l’identité.
“Dans mon travail, il y a un grand désir que chacun soit humain. C’est en principe la question centrale de mon travail : le fait de penser que chacun est exceptionnel et unique”, confiait le plasticien lors de la rétrospective Faire son temps présentée fin 2019 au Centre Pompidou. Une exposition qui s’ouvrait sur une œuvre inoubliable, une vidéo d’un homme assis pris par des vomissements incessants, témoignage acide de la Shoah. “L’effacement de mon enfance est une chose si bizarre. (…) Le grand traumatisme de ma vie, sans aucun doute, n’est pas la tradition juive que j’ai connue bien plus tardivement, mais le fait que quand j’étais enfant, la plupart des amis de mes parents étaient des survivants de la Shoah et que pendant des heures, ils racontaient des atrocités. Je devais avoir entre deux et cinq ans, vraiment tout petit, et j’ai des souvenirs d’horreurs. Je pense que ça a été totalement déterminant pour ma vie”, raconte Boltanski dans des propos relayés par le centre Pompidou.
En 2010, son installation Personnes à la Monumenta 2010 au Grand Palais questionnait encore le sens de l’humanité.
« C’est une très grande perte. Il aimait par-dessus tout cette transmission entre les êtres, par des récits, par des souvenirs. Il restera comme un des plus grands conteurs de son temps. C’était un inventeur incroyable”, a déclaré Bernard Blistène.
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