Rendez-vous expérimental et pluridisciplinaire du Centre Pompidou, le Nouveau Festival se dote d’une version augmentée. Trois mois durant, à partir du 15 avril, artistes, danseurs, vidéastes, écrivains et performeurs exploreront la thématique du jeu.
40 ans, toujours puceau de Judd Apatow programmé au Centre Pompidou ? C’est possible dans le cadre du Nouveau Festival, qui se charge depuis 2009 de venir mettre du jeu dans les rouages de la vénérable institution. « Chaque année, on oublie tout et on recommence » avait lancé lors de la conférence de presse Bernard Blistène, actuel directeur du Musée National d’Art Moderne et fondateur de l’événement avec Alain Seban. Volontairement expérimental, le format permet de contourner les pesanteurs du musée. Pas question d’instituer ou de valider quoi que ce soit : place au dialogue entre les disciplines, à la participation des visiteurs et aux invitations faites aussi à de très jeunes artistes.
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Le jeu, une manière de faire se rejoindre l’art et la vie
Progressivement, ce joyeux bordel s’est imposé comme un moment fort des activités du Centre Pompidou. Au point d’amener les organisateurs à en prolonger la durée, passant cette année de trois mois au lieu d’un seul. Viral, il s’infiltrera dans tous les étages, dont la galerie sud, l’espace 315, le forum -1 et le cinéma. Son thème ? Le jeu, sous toutes ses formes, dont les modalités seront déclinées selon les trois temps forts de la programmation : un exposition, un cycle de projections, et un festival de danse.
Une autre nouveauté: la présence cette année d’une exposition thématique, qui fournira l’occasion aux deux commissaires, Michel Gauthier et Cyril Jarton, de retracer l’historique des relations entre art et jeu. Ainsi, pour la première fois en France, on aura l’occasion d’activer les œuvres du groupe d’artistes Fluxus, un non-mouvement des années 1960 dont l’ambition affichée était de produire de l' »art-distraction » : on jouera au poker en aveugle avec Robert Filiou ; on se déplacera sur l’échiquier géant de Yoko Ono ; on suivra les instructions de George Brecht afin de réaliser ses micro-performances du quotidien.
Le spectacle de stand-up et la danse à l’honneur
Pour les nombreuses conférences, rencontres, projections et performances, c’est le spectacle de stand-up qui servira de fil rouge. Un motif incontournable de la culture populaire contemporaine qui n’influence pas seulement le cinéma et les séries, mais impose également ses codes au sein des arts plastiques. La programmation fait également la part belle à la danse, dans le cadre de l’événement Vidéodanse, avec notamment des représentations des ballets triadiques d’Oscar Schlemmer et l’exploration de la notion de hasard chez le chorégraphe Merce Cunningham.
Au sous-sol, un club de ping-pong
Tout au long du festival, le niveau -1 abritera le Ping-Pong Club de Julius Koller, sans conteste l’un des projets incontournables de cette édition. Dans la Tchécoslovaquie des années 1960 qui secoue tout juste le joug de la dictature stalinienne, les artistes souhaitent créer de nouvelles manières de vivre plutôt que des formes plastiques inédites. Né dans ce contexte, le Ping-Pong Club est une proposition de sociabilité: à travers les règles clairement établies du jeu et ses valeurs de fair-play, c’est un idéal démocratique qui se dessine, utopie temporaire et résistance douce au totalitarisme. L’œuvre est ici réactivée avec la complicité de Rirkrit Tiravanija, artiste associé à l’esthétique relationnelle des années 1990, dont elle préfigure les recherches. Mais c’est aussi la promesse de parties de ping-pong endiablées, et on ne s’en privera pas.
Le Nouveau Festival du Centre Pompidou. 6e édition : « Air de jeu », du 15 avril au 2 juillet.
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