Un communiqué de presse du Syndeac alerte sur l’interdiction faite ce jour aux scènes subventionnées françaises d’accueillir des artistes maliens, nigériens et burkinabés.
On se frotte les yeux à la lecture du communiqué de presse envoyé par le Syndeac suite au courrier de la DRAC reçu par ses adhérent·es, ainsi que celles et ceux de l’Association des centres chorégraphiques nationaux (ACCN), des centres de développement chorégraphique nationaux (A-CDCN), de l’Association des centres dramatiques nationaux (ACDN) et de l’Association des Scènes nationales (ASN).
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“Rédigé sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, informe le communiqué, ce message au ton comminatoire demande à nos adhérents de ‘suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso. (…) Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. À compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce, jusqu’à nouvel ordre’.”
Une désolidarisation déloyale
Mais de quel droit ? De quel droit parlons-nous lorsqu’un État interdit à des institutions culturelles subventionnées d’inviter des artistes venus de pays avec lesquels la France n’est plus dans les meilleurs termes ? “C’est l’effet d’un coup de tonnerre”, nous dit Patrick Penot, directeur du festival Sens Interdit de Lyon, censé accueillir en octobre prochain plusieurs spectacles venus du Mali, du Cameroun et du Rwanda. Et que dire du festival des Francophonies de Limoges qui doit se tenir fin septembre ou du festival de musique Africolor qui a lieu en Seine-Saint-Denis chaque hiver ?
À raison, le Syndeac considère que “cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire. Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine”. Il demande, de toute urgence, la tenue d’une réunion immédiate avec le ministère des Affaires étrangères pour que “les arguments des professionnels soient écoutés et que la solidarité de la France à l’égard des artistes soit affirmée avec force”.
Et devant l’assourdissant silence de Rima Abdul-Malak, il conclue : “Il est urgent que le ministère de la Culture renonce à cette approche strictement diplomatique et défende enfin une politique culturelle et artistique.” À suivre.
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