Yvon Lambert, grand galeriste français et propriétaire de la Collection Lambert, dont le « Piss Christ » a été saccagé récemment, a annoncé sa décision de se retirer des affaires.
Dans un communiqué très officiel envoyé par mail aux journalistes le 28 avril, le galeriste Yvon Lambert, figure incontournable de l’art contemporain en France, a annoncé sa « décision de prendre plus de distance avec [sa] vie de galeriste » afin de « garder [son] amour des oeuvres et [sa] relation aux artistes intacts« .
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La veille, il avait également fait part de sa décision de fermer son antenne new-yorkaise créée en 2003 qui, selon des spécialistes du marché de l’art, constituait pourtant une affaire rentable. Une décision d’autant plus étonnante qu’après un échec à Londres et des débuts laborieux, la galerie avait réussi son implantation à Chelsea sur un marché new-yorkais pourtant difficile à pénétrer.
En France, il a soutenu Basquiat, Nan Goldin ou Buren
Figure emblématique du marché de l’art international depuis près de 45 ans, Yvon Lambert a défendu ardemment les artistes conceptuels et minimalistes des années 70 (de Sol LeWitt à Lawrence Weiner) et contribué à révéler en France des artistes aussi incontournables que Basquiat ou Nan Goldin. Sans compter le rôle qu’il a joué pour la scène française en soutenant Daniel Buren, Bertrand Lavier ou Loris Greaud.
Depuis quelques années déjà, le plus fameux galeriste parisien avait commencé à prendre du recul.
« J’ai demandé à Olivier Bélot [directeur général de la collection, NDLR], en qui j’ai toute confiance depuis déjà plusieurs années, ainsi qu’à mon équipe, de continuer activement ce que nous avons mis en place », précise-t-il dans son communiqué avant d’ajouter : « je veux souligner que ce n’est pas un livre qui se ferme car je continuerai à suivre certains projets au sein de la galerie. »
Reste que cette décision entraîne la fermeture dès juin prochain de l’antenne new-yorkaise de la galerie, créée en 2003 et qui, selon des spécialistes du marché de l’art, constituait une affaire rentable. Après des débuts laborieux, la galerie avait réussi son implantation à Chelsea sur un marché new-yorkais pourtant difficile à pénétrer.
« C’est une décision difficile à prendre, commente le directeur Olivier Belot, mais elle s’imposait : comparée à d’autres galeries internationales, la nôtre est encore une petite équipe qui tournait beaucoup autour de la figure charismatique d’Yvon Lambert, sollicité par les artistes comme les collectionneurs. L’histoire de la galerie est à Paris, il est nécessaire de nous réorganiser et de nous reconcentrer, au moins pendant un temps, sur la capitale française. »
Une décision sans rapport avec la destruction du « Piss Christ »
La galerie prend soin de signaler que cette décision n’est en rien liée à la récente affaire du Piss Christ à Avignon.
« C’est une malheureuse coïncidence, mais nous ne pouvions plus retarder cette annonce auprès des artistes, des collectionneurs et du marché de l’art. Cela ne signifie aucun désengagement d’Yvon envers la ‘Collection Lambert’ : on peut y voir toute sa vie de galeriste », continue Olivier Belot.
Il y a quelques jours, le galeriste et plus particulièrement sa prestigieuse fondation avignonnaise, « La Collection Lambert », avaient fait l’objet de toutes les attentions après une attaque au marteau et au pic à glace de deux photographies d’Andres Serrano considérées comme blasphématoires par une poignée d’ultra catholiques apparentés à l’extrême-droite. Sous pression depuis des semaines, l’équipe de la Collection Lambert avait alerté en vain sur la menace grandissante jusqu’à ce coup d’éclat du dimanche 18 avril. Les œuvres vandalisées sont désormais exposées telles quelles, toutes vitres brisées et sous protection policière.
Au 108 rue vieille du Temple à Paris, l’une des adresses les plus connues des amateurs d’art parisiens, on peut voir une exposition de l’artiste écossais Douglas Gordon, en attendant l’exposition « Playtime » qui ouvrira le 20 mai prochain. Tandis qu’à la Collection Lambert, à Avignon, l’exposition « Je crois aux miracles » et son Piss Christ vandalisé se prolonge jusqu’au 8 mai.
Claire Moulène et Jean-Max Colard
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