En cours jusqu’au 7 février à Toulouse, l’édition 2020 du festival Ici & Là offre une stimulante exploration du champ de la création chorégraphique.
Comptant parmi les principaux rendez-vous consacrés à la danse contemporaine en France, le festival Ici & Là est une initiative de La Place de la Danse, le Centre de Développement Chorégraphique National (CDCN) Toulouse-Occitanie, dirigé par Corinne Gaillard. Après une édition 2019 presque entièrement dédiée aux chorégraphes féminines, l’édition 2020 arbore un programme mixte, même si les femmes y restent majoritaires.
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Au total, il est possible de découvrir une quinzaine de pièces, présentées dans le studio du CDCN ou dans d’autres salles de la ville rose et de sa proche périphérie, notamment le ThéâtredelaCité et le Théâtre Garonne.
Un envoûtant rituel païen
La plus marquante des pièces vues s’avère sans conteste Crowd de Gisèle Vienne. Sur un plateau recouvert de terre et parsemé de détritus divers se rassemblent une quinzaine de jeunes hommes et femmes. Entrant en scène au ralenti, comme en état second, ils se réunissent pour danser jusqu’à l’extase et l’épuisement au rythme d’un (impeccable) mix de musique électronique. Chacun. e est à la fois solitaire et en étroite interaction avec les autres membres de ce corps collectif, oscillant entre mouvements (très) lents ou brusquement saccadés, se figeant parfois en de saisissants arrêts sur images. Inspirée par l’univers des raves et des free-parties, Gisèle Vienne orchestre ici un envoûtant rituel païen, au bord du royaume des songes, avec un sens remarquable du détail et de la composition d’ensemble.
Dansant seule sur une scène surélevée au son de boucles percussives ultra-répétitives, la danseuse et chorégraphe Katerina Andreou se livre, quant à elle, avec BSTRD à une sorte de déconstruction de la danse en rave ou en club. Si le projet apparaît intéressant, le résultat ne convainc hélas pas vraiment par manque d’évolution et de mise en tension, la pièce étant comme enfermée dans une boucle trop programmatique.
Fable dystopique
Pièce extrêmement singulière, conçue en binôme par la danseuse et chorégraphe Valeria Giuga et le poète sonore Anne-James Chaton, ZOO prend la forme – entre théâtre et danse – d’une fable dystopique empruntant à La Ferme des animaux de George Orwell et à la technique de danse mise au point par la chorégraphe allemande Mary Wigman, connue en particulier pour sa fameuse danse de la sorcière (Hexentanz). Menée par un maître de cérémonie hors normes (un bipède à tête de cochon), une méditation captivante sur les pouvoirs du langage, verbal ou corporel.
Avec Sketches, la danseuse et chorégraphe Hélène Iratchet propose, de son côté, une expérience scénique – effectuée en duo avec la danseuse ErGe Yu – à partir d’une réflexion sur la réification du monde et la mécanisation des corps. Démarrant au son de la chanson de Katerine Les objets, la pièce installe d’emblée une tonalité d’une douce étrangeté. Aussi inventive que précise, elle cultive tout du long cette étrangeté au fil d’un ballet (post-) moderne teinté de fantastique, souvent drolatique et constamment réjouissant.
Festival Ici & Là, La Place de la Danse, Toulouse, jusqu’au 7 février
Crowd, de Gisèle Vienne, les 24 et 25 mars à Bonlieu – Scène nationale Annecy
BSTRD, de Katerina Andreou, le 14 mars au CDCN de Grenoble, le 21 mars au CCN de Caen
Zoo, de Valérie Giuga et Anne-James Chaton, le 6 avril au Musée de l’Orangerie, Paris (version performative).
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