A l’issue de la première semaine du Festival TNB, passer ce dernier week-end à Rennes offrait l’opportunité d’une acmé programmative où l’on pouvait découvrir pas moins de quatre spectacles dans la même journée.
Une fête à la croisée de toutes les formes du spectaculaire où les dénonciations de la violence du monde et de celle faite aux femmes réunissaient la performance et le théâtre documentaire, pour éclairer ces thèmes à travers l’histoire et des chroniques contemporaines en convoquant le réel aussi bien que l’imaginaire de la bande dessinée et celui du cinéma.
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Tout commence avec les inflexions rauques de la voix de basse du saxophoniste Jesus Cuevas qui orchestre en live le spectacle Banos Roma (Bains Romains) de la compagnie mexicaine Teatro Linea de Sombra. Un théâtre documentaire où la troupe rend hommage à la destinée du boxeur mexicain José Angel « Mantequilla » Napoles sur une scène prenant les allures d’une fameuse salle d’entraînement de la ville de Ciudad Juarez. L’une des cités parmi les plus dangereuses de la terre qui bat tous les records en termes d’homicides et de féminicides. Cette plongée vertigineuse dans l’univers de violence et de sexisme qui règne dans cette ville laissée aux mains des gangs et des narcotrafiquants a le tranchant sans concession d’une histoire racontée sur le fil du rasoir.
Avec Liberté à Brême de Rainer Werner Fassbinder, le metteur en scène Cédric Gourmelon transforme l’actrice Valérie Dréville en inquiétante égérie d’un combat contre un machisme ordinaire tout aussi actif dans la bourgeoisie allemande du XVIIIe siècle. L’histoire d’une empoisonneuse qui fait le vide autour d’elle et fait disparaître ceux qui s’opposent à sa vision de femme libre déterminée à se construire un destin hors des interdits du paternalisme et du contrôle de ses maris successifs.
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Mythologie
Côté danse, avec Omphalos, le chorégraphe Damien Jalet inscrit sa pièce dans une esthétique qui évoque le trait du dessinateur Enki Bilal pour nous entraîner dans une fable où il convoque les grands mythes sud-américains. Avec sa compagnie de danseurs mexicains et dans le décor d’une immense parabole tournée vers les étoiles, des figures divines aux habits de perles et aux masques d’oiseaux de proie côtoient une humanité vite transformée en victimes sacrificielles d’un rite ancestral.
On retrouve bientôt la boxe et sa mythologie au cinéma à travers Stallone, une adaptation magistrale de la nouvelle d’Emmanuèle Bernheim où la vision de Rocky III change radicalement le destin d’une jeune femme. Fabien Gorgeart et Clotilde Hesme font d’une scène dépouillée digne de la poésie sonore l’écrin idéal pour raconter l’histoire de Lise qui s’inspire du légendaire Rocky Balboa pour reprendre les rênes de sa vie. Une performance brillante où Clotilde Hesme s’avère aussi touchante que d’une très profonde justesse.
Festival TNB au Théâtre national de Bretagne et dans les lieux partenaires, jusqu’au 17 novembre à Rennes.
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