Avec sa vision du Dibbouk de S. An-ski chanté, dansé et joué en français, en hébreu et en yiddish, Benjamin Lazar nous fait voyager dans le temps intime et collectif de l’intériorité.
L’âme voyage et ce simple fait pose d’innombrables questions. Ethnologue de sa propre culture, Shalom An-ski, né en 1863 en Biélorussie, a parcouru 70 communautés juives en Galicie, Volhynie et Podolie pour recueillir les mélodies, chants et croyances de la tradition juive en 1910. Il avait établi un questionnaire publié sous le titre “Der Mensch” composé de près de 3 000 questions qui débute ainsi : “Quand l’âme entre-t-elle dans le corps ?”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On sait quand elle le quitte, avec la mort. Mais il arrive qu’elle s’installe alors dans un autre corps, soit pour le hanter, soit pour réclamer réparation d’une injustice subie de son vivant. C’est ce que la tradition juive nomme le dibbouk qui donne son titre à la pièce de S. An-ski.
Capsule temporelle
On y suit les amours de Khonen (Benjamin Lazar) et de Leye (Louise Moaty) que rien ne pourra séparer, ni le mariage auquel son père veut obliger Leye, ni la mort de Khonen, ni l’exorcisme pratiqué par Rebbe Azriel pour obliger le dibbouk à quitter le corps de Leye qui choisit alors la mort pour retrouver son amant.
La mise en scène de Benjamin Lazar, qui a adapté la pièce de S. An-ski avec Louise Moaty, a ceci d’incroyable que, telle une capsule temporelle, elle nous plonge au présent dans l’univers des schtetlech d’Europe de l’Est de la fin du XIXe siècle. Au plus près de la démarche ethnographique de S. An-ski, il accorde autant d’importance à l’histoire de la pièce, jouée en français, en hébreu et en yiddish, qu’à son contexte où cohabitent les musiques, chants, prières et danses de mariage revisités par le compositeur Aurélien Dumont.
“Entre-deux-mondes”
Le spectacle commence dans la yeshivah (centre d’étude de la Torah et du Talmud) que fréquentait Khonen. Une introduction qui nous plonge directement dans l’atmosphère de ce Dibbouk et permet “de nous placer dans cet entre-deux-mondes”, précise Benjamin Lazar. “Celui entre les vivants et les morts, mais aussi celui qu’est le théâtre, situé dans plusieurs temps et plusieurs lieux à la fois.”
Le Dibbouk ou Entre deux mondes de S. An-ski, mise en scène Benjamin Lazar, les 12 et 13 novembre à Beauvais, du 23 au 27 novembre à Amiens, les 1er et 2 décembre à Petit-Quevilly, les 5 et 6 décembre à Suresnes, le 10 décembre à Compiègne
{"type":"Banniere-Basse"}