Après des mois d’imbroglio, c’est finalement Jean-Marc Bustamante qui a été proposé par la ministre de la Culture et de la Communication pour arriver à la tête des Beaux-arts de Paris
C’est finalement l’artiste Jean-Marc Bustamante qui prendra la direction de l’Ecole nationale des beaux arts de Paris. Après deux mois de feuilleton rocambolesque suite à une révélation du Canard Enchaîné le mercredi 1er juillet qui croyait savoir que Nicolas Bourriaud à la tête de l’Ensba depuis 2011 serait bientôt remplacé par Éric de chassey, directeur de la Villa Médicis, suivie dans la foulée du limogeage express de Nicolas Bourriaud sans réels motifs avancés, d’une course aux informations et rumeurs toutes plus surréalistes les unes que les autres et enfin d’une mobilisation massive du milieu de l’art (artistes, étudiants, ANdEA, presse artistique internationale) pour dénoncer les méthodes hâtives et hasardeuses d’un ministère qui semble méconnaître la valeur de ses administrés, l’annonce de cette nomination, après l’organisation en urgence a la mi-juillet d’une procédure de recrutement, est une surprise.
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Une personnalité forte du champ de l’art
Une surprise qui ressemble surtout à une manoeuvre habile du ministère pour sortir de l’imbroglio dans lequel il s’était mis tout seul. Né en 1952 à Toulouse, l’artiste Jean-Marc Bustamante a en effet le mérite d’être une personnalité forte du champ de l’art français et international : auteur d’une œuvre située entre photographie, peinture et sculpture qui a accompagné la reconnaissance artistique du médium photo dans les années 1980, il a représenté la France à la biennale de Venise en 2003, et c’est à lui encore que l’on confia les rennes du Printemps de septembre à Toulouse, qu’il rebaptisa « Artists Come First » avant d’en être à son tour débarqué l’an dernier. Par ailleurs il connait bien la maison des Beaux-arts de Paris où il enseigne et s’apprêtait à devenir directeur du département Recherche. Enfin c’est un artiste donc, ce qui satisfera tous ceux qui réclament depuis belle lurette que cette institution soit déléguée à un plasticien.
Déjà candidat en 2011
En outre, l’effet-surprise de cette nomination s’atténue si l’on se rappelle que Bustamante était déjà candidat a l’Ensba en 2011, qu’il n’est jamais monté au créneau pour défendre Nicolas Bourriaud ni lors de la dernière mobilisation (quand la grande majorité de ses collègues signait une lettre commune adressée a la ministre) ni l’année précédente lorsque une fronde interne fragilisa le directeur. Rappelons par ailleurs que Jean-Marc Bustamante n’a pas toujours fait parler de lui en bien, si l’on veut bien se remettre en mémoire les propos malheureux et totalement scandaleux qu’il tint dans un entretien avec Christine Macel, conservateur au Centre Pompidou, dans le catalogue de l’exposition Dionysiaque : « Oui, l’homme a besoin de conquérir des territoires, la femme trouve son territoire et elle y reste… Les femmes cherchent un homme, un homme veut toutes les femmes. La femme, dès qu’elle a trouvé son territoire, elle y reste… Les hommes sont toujours dans la recherche de territoires vierges ». Des propos qui suscitèrent la fureur d’une partie du milieu de l’art et lui valurent une chronique assassine de Marie Darrieussecq dans Libération.
Espérons que Jean-Marc Bustamante ait fait du chemin depuis, lui qui va se retrouver à la tête d’une école d’art où les femmes, comme d’ailleurs partout dans les écoles d’art françaises, sont majoritaires… Voilà encore de quoi alimenter une rentrée houleuse, mais peut-être moins qu’annoncée, à l’école des beaux arts de Paris début octobre.
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