Entre les crises et la guerre, la culture aura pesé bien peu dans les débats électoraux.
À peine évoquée du bout des lèvres, aussitôt noyée dans la course à l’attention. Comme ligne de force peu vivifiante et souvent carrément rance, le patrimoine national aura surtout occupé les programmes – sa préservation, sa protection, sa valorisation. Et les vivants ? Et la création émergente ? Quelques pépiements, ici et là, concernant alors encore la reprise post-Covid-19, une situation d’exception donc ; d’autres bribes sur la création d’artothèques, de commandes dans les lieux publics, tenus eux aussi sur le modèle de l’assistance.
Un rapide regard sur l’actualité artistique fait état du même constat. Sauf qu’ici, c’est déjà la conséquence d’un abandon en cours : l’absence d’émergence de nouvelles figures, langages ou scènes d’une part, la mainmise du médium préféré du marché, la peinture, d’autre part. Faute de conditions décentes de travail et de subsistance, en attendant la réforme du statut des artistes-auteurs, l’instauration systématique de grilles de rémunération, l’augmentation des places en ateliers-logements, et la liste est longue, la création artistique continuera de s’appauvrir, restera redondante, tuera dans l’œuf son futur.
Or quitte à plonger dans l’histoire, on préférera aller y chercher une figure élective, dont la rage inégalée ne se départira jamais de son humour. Ce serait Pope.L, artiste et performeur afro-américain né en 1955, dressé contre la finance et la police, la criminalisation des pauvres et des noirs. N’attendant plus rien non plus des institutions et des politiques publiques, il portera son refus chevillé (littéralement) au corps. Pour sa performance ATM Piece (1977), uniquement vêtu de boots Timberland et d’une jupe bricolée de billets de dollars, il s’enchaîne au moyen d’un cordon de saucisses à la porte d’entrée d’une bande près de la gare centrale de New York. Pour l’artiste, la performance marquait une tentative de “raviver la sensation d’inconfort face à un problème vieux comme le monde : l’interaction entre puissants et démunis”. À quand un Pope.L ensaucissonné aux grilles de l’Élysée ?
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