Une technologie créée par les Blancs, pour les Blancs. Pendant des années, la photographie couleur n’était pas “racialement neutre”, affirme Montré Aza Missouri, prof de cinéma à la Howard University de Washington, dans un article de Priceonomics. Si la première technologie pour fabriquer des photos en couleur a été inventée dès 1855, celle-ci était encore […]
Une technologie créée par les Blancs, pour les Blancs. Pendant des années, la photographie couleur n’était pas « racialement neutre », affirme Montré Aza Missouri, prof de cinéma à la Howard University de Washington, dans un article de Priceonomics.
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Si la première technologie pour fabriquer des photos en couleur a été inventée dès 1855, celle-ci était encore rustique : on appliquait un filtre de couleur sur trois photographies en noir et blanc, ce qui résultait en une photo couleur (très imparfaite). Bien plus tard, à partir des années 1940, alors que la technologie avait beaucoup progressé (on utilisait des films de couleurs directement dans les appareils photo), les développeurs et les fabricants – Kodak en tête – calibraient les images grâce aux « Shirley cards », des portraits de jeunes filles blanches qui servaient de standard photographique, comme l’explique Lorna Roth, professeur à la Concordia University de Montréal dans Vox.
Kodak s’adapte aux tons plus foncés… pour le chocolat et les meubles
Dans les années 1970-1980, alors que la précision technologique s’est beaucoup améliorée, les appareils sont toujours conçus pour mieux capter les peux claires que les peaux sombres et les « Shirley cards » promeuvent toujours la beauté de jeunes filles américaines blanches. Pas de place pour la diversité, à tel point que Jean-Luc Godard refuse d’utiliser l’appareil Kodachrome de Kodak pour un film qu’il devait tourner au Mozambique et caractérise l’industrie de la fabrication photo de « raciste ».
Pourtant, ce n’est pas cet argument qui va pousser Kodak à s’adapter aux couleurs plus sombres, mais la pression économique… des vendeurs de chocolats et de meubles. En effet, ces clients se plaignaient que les photographies de l’entreprise américaine ne rendaient pas asse bien compte des différences de teintes du bois et que l’on ne puisse pas distinguer chocolat au lait et chocolat noir. En 1986, Kodak sort donc son Kodacolor Gold, l’appareil photo qui permettait de « photographier un cheval noir dans une lumière sombre ».
Le numérique : du mieux, mais ce n’est pas encore gagné
Si le numérique permet aujourd’hui de modifier les contrastes et le calibrage d’un simple clic, la photographe Syreeta McFadden assurent sur BuzzFeed que les biais raciaux ont persisté :
« La photographie numérique est aujourd’hui encore basée sur les mêmes principes qui ont modelé l’industrie de la photo argentique. (…) Dans une lumière sombre, les capteurs sensitifs cherchent un point de couleur lumineuse ou une peau claire avant que l’obturateur soit déclenché. Si l’on tente de focaliser l’appareil sur un point sombre, il ne fonctionne pas. Tout ce que sait faire un appareil pour améliorer la définition d’une image, c’est de se calibrer en fonction de la clarté. »
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