Une fois encore, le Sévillan repousse les limites du flamenco avec cet hommage à la fraternité et source de questionnements existentiels.
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Dans la “mythologie” du flamenco, les spectacles se terminent presque toujours par une fin de fiesta. Chacun y va alors de son solo, le plus souvent en inversant les rôles. Le danseur chante, le guitariste danse. Pour Galván, la fête est affaire de vie et de mort. Plus d’une fois, il y a des cris libérateurs, entre douleur et folie douce.
Et puis il y a l’autre Galván, solitaire. Car cette fiesta est aussi un mano a mano avec soi-même, ses peurs, ses doutes. Dans ce finale quasi crépusculaire, on a ressenti une infinie tristesse – celle-là même qui colle à la joie.
La Fiesta commence, pour ainsi dire, par la fin. Eparpillée entre cour et jardin, l’équipe gagne l’avant-scène (Niño de Elche, Ramón Martínez ou Emilio Caracafé sont prodigieux d’engagement). Galván les a subtilement extraits de leur monde, ciselant pour chacun un rôle à sa hauteur. Comme d’habitude, son fidèle complice Pedro G. Romero a joué le dramaturge essayant de donner une tension.
La déconstruction d’un souvenir
La Fiesta n’a pas la force dramatique d’une œuvre comme Le Réel, créée en 2012 par l’Espagnol. Elle est autre, concert de danse qui, plus d’une fois, renverse ses interprètes – à l’image de ces plateaux sur ressorts desquels tombent une ombre.
Le décor n’en est pas un. Il y a des chaises, des sols amplifiés et Galván en peignoir de soie comme sorti d’un match de boxe mondain. Le bailor dit que ces fêtes d’avant ne ressemblaient plus vraiment à du flamenco, tirant vers les danses africaines et le rythme, dégageant parfois un certain érotisme.
Le temps d’un spectacle, il déconstruit ce souvenir de la fiesta. On verra Ramón Martínez, éblouissant, danser sur les pointes ou les talons de ses bottines… Silhouette fugace. On entendra Niño de Elche en duo avec Alia Sellami ou tout simplement jouer de son… ventre.
“J’aime l’idée qu’un groupe absorbe mon corps de soliste”, dit encore Galván. Allongé l’espace d’une chorégraphie horizontale ou caressant le sol de ses semelles, le danseur n’a rien perdu de sa technique fantasque. Sur La Fiesta souffle un vent de liberté.
La Fiesta chorégraphie Israel Galván, jusqu’au 23 juillet (relâche le 20), cour d’Honneur du palais des Papes, Avignon
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