Ce mois-ci, rencontre avec le styliste cinéphile à l’origine d’un projet croisant cinéma et mode à la Cinémathèque française.
L’idée de départ avec ma chère amie la cinéaste Tonie Marshall – fille de Micheline Presle, l’héroïne de Falbalas de Jacques Becker, mon film fondateur –, c’était de montrer les liens entre les vêtements de la mode et les costumes du cinéma. Après le décès de Tonie, pour lui rendre hommage, j’ai développé ce projet. Montrer à travers quelques thématiques emblématiques que l’histoire de la vision de la femme et de l’homme est contiguë à l’histoire du vêtement, tant au cinéma que dans la mode.
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Dans les deux cas, il s’agit d’une forme de spectacle dont les règles sont celles de la représentation. L’exposition est le spectacle de ces spectacles, et son titre dit tout du mélange : Cinémode, en un seul mot. Le fait que j’aie conçu des costumes pour des films de Luc Besson, Pedro Almodóvar, Caro et Jeunet ou Peter Greenaway m’a évidemment aidé. Des vêtements pour le cinéma mais imaginés comme un défilé de mode.
“Des cocottes de la Belle Époque jusqu’aux affranchies androgynes d’aujourd’hui… tout se trouble dans une mixture joyeuse et encourageante”
Avec un fil conducteur crucial : la masculinisation de la femme et la féminisation de l’homme. Des cocottes de la Belle Époque jusqu’aux affranchies androgynes d’aujourd’hui, de l’homme perclus de virilisme, type John Wayne, jusqu’à l’homme “dégenré”, telle la tueuse transsexuelle interprétée par Chloë Sevigny dans la série Hit & Miss, tout se trouble dans une mixture joyeuse et encourageante.
L’exposition est un chantier nourri de cet esprit hybride et débridé : de vrais vêtements puisés pour certains dans les collections de la Cinémathèque française, des photographies, des archives, des extraits de films. Et mes icônes du féminin masculin : Marlène Dietrich, Katharine Hepburn, Béatrice Dalle, Jane Birkin, Milla Jovovich… Mais aussi mes icônes homoérotiques : Mel Gibson dans Mad Max, Brad Davis et Franco Nero dans Querelle de Fassbinder, Al Pacino dans Cruising de William Friedkin.
Cinéma et mode puisent leur inspiration dans l’air du temps. J’espère que les visiteuses et visiteurs de Cinémode en sortiront nimbé·es d’un doux parfum de liberté.
CinéMode jusqu’au 16 janvier 2022, Cinémathèque française, Paris.
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