Visite éclair dans un lieu de création. Ce mois-ci, le cinéaste nous raconte son travail d’atelier rue Sedaine, à Paris, pour le prochain opéra qu’il mettra en scène à Munich au printemps.
Je me suis installé pour une semaine au 53 bis, rue Sedaine, à Paris. L’immeuble fait trois étages, il est entièrement curé, presque désossé. Un bâtiment brut qui dispose d’une entrée directe sur la rue. De 14 h à 22 h, je filme dans ces pièces vides des jeunes gens. Des plans muets où seuls leurs regards et leurs corps sont envisagés. Pas de scénario à suivre, pas de texte à répéter.
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C’est comme un travail d’atelier : tourner autour d’un modèle, créer un mystère ou une émotion par la pose, la lumière, l’échelle d’approche. Nous sommes une équipe de quelques personnes qui nous affairons autour d’eux, dont Rémy Chevrin, le chef opérateur qui m’accompagne depuis mes premiers films.
Les images que nous créons, j’en ai besoin pour plus tard. Au printemps, au Bayerische Opéra de Munich où je dois mettre en scène Les Troyens de Berlioz. Ces images sont comme des ombres prémonitoires de ce que nous créerons dans quelques mois avec les chanteurs. Elles me font croire que le travail a déjà commencé, qu’il y a déjà de la lumière.
Jour après jour faire un peu de cinéma avant le cinéma, un peu de théâtre avant le théâtre, un peu d’opéra avant l’opéra
Je me suis installé pour une semaine rue Sedaine mais j’aurais adoré m’installer là pour dix ans. Avoir un atelier sur rue, une fabrique à images où chercher jour après jour le geste idéal à capturer, le regard inédit à inventer. Jour après jour faire un peu de cinéma avant le cinéma, un peu de théâtre avant le théâtre, un peu d’opéra avant l’opéra. Dans une façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention ni artifice, jour après jour se peindre “très volontiers tout entier, et tout nu”, comme écrivait Montaigne.
Les Troyens opéra en cinq actes d’Hector Berlioz, livret du compositeur d’après Virgile, direction musicale Daniele Rustioni, mise en scène Christophe Honoré, spectacle en français surtitré en allemand et en anglais. Du 9 mai au 10 juillet, Bayerische Staatsoper, Munich.
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