Création mondiale pour le Festival d’Avignon, En Atendant de Anne Teresa Keersmaker embrase la ville et notre été.
« En at(t)endant, il me faut endurer de pénibles tourments »
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murmure une voix dans le soir déclinant. Anne Teresa De Keersmaeker a lâché ses danseurs sur la terre battue du Cloître des Célestins. Du premier souffle, celui d’une flûte, aux derniers, des corps nus comme déshabillés par le vent, En Atendant tient ses promesses.
S’attachant aux polyphonies de l’Ars Subtilior de la deuxième moitié du XIV, la chorégraphe ose enfin en faire une matière à danser.
« J’éprouvais une sorte de pudeur au moment de mettre des corps dessus ».
Visiblement débarrassée de ces excès de timidité inédits, la belge se fait douce violence, ose des pas comme des frottements au sol, des ensembles où les interprètes s’agglutinent les uns aux autres. Ou un solo furieux, endossé par le slovène Bostjan Antoncic, tout en puissance et détermination qui a du saisir d’effroi le premier rang de spectateurs dans son engagement.
Le souffle, on l’aura compris, En Atendant n’en manque jamais : dans un subtile dialogue avec les musiciens assis sur un simple banc d’écoliers, le mouvement est continu, irriguant l’espace, des murs encore chauds d’une journée de soleil aux arbres qu’on imagine raccord avec ce temps d’autrefois. Pourtant, il faut le dire et le répéter, En Atendant n’est pas une enluminure de plus mais une œuvre contemporaine qui questionne à sa façon, rythmée, notre époque.
Du premier souffle au dernier, une vie entière passe qui ne peut se résumer. Anne Teresa De Keersmaeker capture pourtant cet esprit là, le compte-à-rebours de nos existences.
Ainsi ces danseurs allongés nus ne sont-il pas des glorieux disparus? Cette nuit qui tombe, et qu’aucunes lumières artificielles ne vient supplanter, n’est-ce pas le crépuscule d’un être? En Atendant nous regarde le regarder. Et c’est bouleversant.
Après The Song, créé il y a tout juste un an, Anne Teresa De Keersmaeker reprend sa marche en avant, de plus en plus seule. D’Avignon, qu’elle a finalement peu visité, elle a saisi l’histoire même du vent, ce plein air qui rebute plus d’un créateur. Repartie dans un ailleurs, De Keersmaeker est définitivement fille de l’air.
En Atendant chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker en tournée Vienne, Bruxelles, Chalon-sur-Saône, Lille, Gand, Luxembourg, Paris
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