Dans les années 2000, émergeait une nouvelle génération d’architectes japonais à la recherche de légèreté spatiale. Parmi eux, Junya Ishigami, figure de proue de cette jeune scène et auquel la Fondation Cartier consacre une exposition d’ampleur. En raison de son succès, elle est prolongée jusqu’au 9 septembre 2018 !
Nous sommes tombés sous le charme. Particulièrement en France, mais aussi à l’international, l’architecture japonaise fascine. Rien qu’à Paris, une dizaine de constructions pensées issus par des artistes de l’Empire du soleil levant sont en cours de réalisation. L’année dernière, deux expositions passionnantes, une au Centre Pompidou-Metz et l’autre au Pavillon de l’Arsenal, retraçaient l’évolution architecturale nipponne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il faut dire que, depuis 2010, trois des huit derniers lauréats du très prestigieux Prix Pritzker sont des architectes japonais. Et s’ils ont autant la cote aujourd’hui, c’est parce qu’ils inventent des modèles particulièrement en accord avec les envies de notre époque, en s’inspirant des formes de la nature tout en ayant recours aux dernières technologies.
La nature comme source d’inspiration
A rebours de la grille moderniste, de sa géométrie stricte, rectiligne et symétrique, ces architectes ont pour particularité de s’inspirer des formes mouvantes, ondulantes et antihiérarchiques de la nature. C’est une préoccupation qui est au coeur du travail de Junya Ishigami, figure majeure de cette famille d’architectes à qui la Fondation Cartier pour l’art contemporain consacre une exposition jusqu’au 10 juin 2018.
Né en 1974, Junya Ishigami a travaillé auprès du bureau SANAA, connu pour ses bâtiments sensuels, avant de fonder, en 2004, sa propre agence, junya.ishigami+associates. Se débarrassant de tout superflu, ses structures légères multiplient les métaphores naturelles et s’insèrent avec poésie dans les paysages. Centrée autour des usages et des besoins des usagers, ses travaux favorisent l’errance.
Le toit du Kanagawa Institute of Technology, l’une des réalisations phares de celui qui a reçu le Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise en 2010, est ainsi soutenu par une multiplicité de poteaux, comme autant d’arbres dans une forêt. Son projet de Maison de Paix pour la ville de Copenhague semble, quant à lui, épouser la forme d’un nuage.
Un savant alliance entre esthétique et fonctionnalité
Consacré en 2016 par le MoMa de New York avec l’exposition A Japanese Constellation, le groupe d’architectes particulièrement actifs depuis les années 2000 dont il est issu est l’un des plus innovants de notre siècle. Revendiquant leur liberté à l’égard des normes architecturales, ses initiateurs collaborent avec les ingénieurs les plus pointus et conçoivent des espaces aussi esthétiques et expressifs que fonctionnels. Leurs noms ? Kazuyo Sejima, Ryue Nishizawa, Sou Fujimoto, Akihisa Hirata. A l’instar de Junya Ishigami ils ne cessent de revendiquer « penser l’architecture librement, avoir une vision la plus souple, la plus ouverte, la plus subtile possible, pour dépasser les idées reçues sur l’architecture« .
Tous ces créateurs ont été influencés, de près ou de loin par le travail de Toyo Ito, concepteur de la désormais célèbre Médiathèque de Sendaï (2001), un chef d’oeuvre de légèreté. Dans son sillage, les architectes japonais contemporains proposent des espaces ouverts et transparents, minimalistes et bienveillants. En réaction à l’hyper-densité, au chaos urbain notable dans les villes japonaise et à l’explosion des technologies de l’information et de la commutation, ils proposent des habitats, immeubles et bâtiments légers, où il fait bon vivre et s’ajustant aux nouvelles mobilités et à l’accélération des modes de vie contemporains. Leur approche est centrée à la fois autour de la dynamique des villes et de celle du monde organique.
JUNYA ISHIGAMI, FREEING ARCHITECTURE, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 30 Mars > 9 septembre 2018
{"type":"Banniere-Basse"}