Le jeune et brillant metteur en scène, adepte des adaptations littéraires – Don DeLillo, Roberto Bolaño, Thomas Bernhard… –, prend la direction d’un théâtre sous pression financière.
Julien Gosselin, 37 ans, a été nommé à la tête de l’Odéon-Théâtre de l’Europe par Emmanuel Macron pour un mandat de cinq ans, a-t-on appris vendredi 21 juin. Succédant à Stéphane Braunschweig qui ne voulait pas briguer de troisième mandat, il prendra ses fonctions dès le 15 juillet prochain, dans un contexte assez lourd, à la fois politique et financier.
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Comme le précisait le mois dernier l’actuel directeur, l’avenir de l’Odéon est soumis à beaucoup d’incertitudes, au-delà même de ce que pourrait devenir le paysage culturel si le RN arrivait au pouvoir : “Entre le manque de soutien du ministère, les difficultés en interne, avec un climat social tendu qui s’explique par l’inflation, et le fait que la marge artistique est pratiquement nulle, on se demande comment on va réussir à faire du théâtre”, confiait Stéphane Braunschweig, qui ne savait pas encore que le RN pourrait gouverner le pays et piloter les politiques culturelles.
Un metteur en scène lié à l’Odéon
Pour le jeune prodige Julien Gosselin, qui n’a encore jamais dirigé de grandes institutions publiques, le pari semble à sa portée, ne serait-ce que parce qu’il entretient une relation personnelle très forte avec l’Odéon-Théâtre de l’Europe, où il a monté la majorité de ses pièces marquantes depuis son premier coup de force en 2013, avec l’adaptation du roman de Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires, présenté au Festival d’Avignon.
Toutes ses pièces ont ensuite agité le paysage théâtral avec une intensité particulière : 2666, d’après Roberto Bolaño, Joueurs, Mao II, Les Noms, d’après Don DeLillo, ou encore Le Passé, adaptée de l’œuvre éponyme de Léonid Andreïev et présentée en 2021 à l’Odéon. Son dernier spectacle en date, Extinction, créé à Montpellier en juin 2023, explorait les origines du nazisme en croisant le dernier roman de Thomas Bernhard avec les écrits de Schnitzler et Hofmannsthal. Une dénonciation ad nauseam de la barbarie nazie dans une Autriche devenue le crépuscule de l’humanité après avoir été le cœur vibrant de la culture au début du XXe siècle.
Il faudra attendre un peu pour connaître le projet précis de Julien Gosselin. Celui-ci pourra compter dans un premier temps sur la programmation séduisante de la prochaine et dernière saison de Stéphane Braunschweig, qui démarrera avec le nouveau spectacle d’Angélica Liddell, Dämon: El funeral de Bergman, le 26 septembre.
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