Rencontre avec Julien Gosselin, qui poursuit son adaptation de l’œuvre de Michel Houellebecq.
Révélé au Festival d’Avignon en 2013 par sa mise en scène des Particules élémentaires, le metteur en scène Julien Gosselin présentera à l’automne prochain, au Kammerspiele de Munich, une nouvelle création d’après les œuvres de Michel Houellebecq Plateforme et Soumission.
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“On a l’impression que Plateforme est le livre du tourisme sexuel et Soumission celui du combat entre l’islam et l’Occident, dit-il, alors que Plateforme est le livre qui questionne ce que l’on appelle salement le choc des civilisations, entre le libéralisme occidental poussé à l’extrême et les valeurs les plus traditionalistes poussées à l’extrême, celles de l’Orient. Plateforme se termine par un attentat islamiste dans un centre de tourisme sexuel.
“Aller au plus loin dans la parabole »
“Le spectacle que j’imagine commencerait par cette chose-là, la vision qui au début des années 2000 questionne une sorte de combat potentiel entre l’Occident libéral et l’islam, pour finir en 2022, vingt ans plus tard, avec l’élection d’un président musulman et un islam complètement apaisé qui gouverne la France. Il ne s’agit pas de prendre les choses à contrepied mais d’aller dans le sens de Soumission, au plus loin dans la parabole possible d’un monde où l’islam serait à la tête d’un Etat occidental. Ne pas jouer la provocation même si évidemment la matière fait réagir.”
Julien Gosselin compte traverser l’œuvre houellebecquienne en dépit de sa sulfureuse actualité, au plus proche de la matière littéraire. “Mon idée est de présenter ces deux ouvrages en trois parties et de placer le spectateur, comme je le faisais dans Les Particules élémentaires, dans la position du public de 2022 qui vit dans un pays islamique.
“Terre libérale impie et non islamisée”
“Il y a un terme arabe qui veut dire ‘terre d’impiété’ : c’est la matière de Plateforme, qui parle de la terre libérale impie et non islamisée. Il y a un autre terme qui signifie ‘terre de combat’, c’est le moment du choc et à la fin, il y a la ‘terre islamique’ pacifiée.
“Je pense qu’il faut absolument prendre Houellebecq au premier degré, véritablement. Au théâtre en tout cas. Il n’est pas nécessaire d’ajouter de l’ironie à une ironie supposée, du cynisme à un cynisme supposé. Si l’on cherche la provocation ou le clin d’œil permanent, on passe à côté de la matière littéraire. Il faut croire Houellebecq quand il propose des paraboles complètement folles, même si celle-là est peut être la moins folle de toutes.”
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