Avec ce texte de Wajdi Mouawad écrit en 1997, Stanislas Nordey s’empare d’une autre histoire de la violence : le suicide des adolescents.
Sorti d’un fond de tiroir, jamais édité, John a la force brute des premiers textes. C’est un jaillissement, un cri. On y découvre Wajdi Mouawad avant le pathos, les bons sentiments et le politiquement correct.
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Destiné dès son origine aux adolescents, ce texte a été choisi par Stanislas Nordey pour être présenté sous forme légère à des lycéens dans le cadre du programme Education et proximité. Une version tout public a ensuite été conçue car le bouleversement qu’il crée non seulement transcende les générations mais tisse également un lien entre elles.
“Me disais aussi que c’est pas un cœur que t’avais dans le cœur, C’t’une brique ostie. Une brique.”
Interprété par Damien Gabriac, exceptionnel, John, seul dans sa chambre, assis sur une chaise, son casque de moto et son blouson posés en tas à côté de lui, s’adresse à une caméra. Il s’enregistre. Sort la cassette, la détruit. En remet une autre, se réenregistre. Il a 16 ans. Il a décidé de se suicider. Et à cet instant-là, il est incroyablement vivant.
L’échec de la parole
Chargé, comme possédé, animé par une rage de dire, de s’exprimer enfin, il s’adresse à sa mère, son père, sa petite amie, Jane, qui couche avec son frère. A sa sœur aussi, Nelly. Il ne trouve pas les mots, il les cherche, ne finit pas ses phrases. Elle est là toute la brutale expression du désespoir : John parle à partir de l’impossibilité du langage. Il veut mourir, il va mourir de n’avoir pas pu dire. Son suicide est l’échec de la parole.
John de Wajdi Mouawad, mise en scène Stanislas Nordey, avec Damien Gabriac et Julie Moreau. Jusqu’au 19 avril, Théâtre des Quartiers d’Ivry
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