Le prix Marcel Duchamp 2017 a été attribué lundi soir au formidable duo d’artistes libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige.
Le jury du prix Marcel Duchamp 2017 vient de récompenser le duo d’artistes libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige pour leur projet “Discordances/Uncomformities“. L’annonce s’est tenue au Centre Pompidou à l’occasion de l’exposition collective réunissant les quatre artistes nommés au prix, dont Maja Bajevic, Charlotte Moth et Vittorio Santoro. L’Association pour la diffusion internationale de l’art français (Adiaf) remettra aux vainqueurs une dotation financière de 35 000 euros et participera à la réalisation de leur œuvre à hauteur de 30 000 euros.
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“La proposition de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige séduit singulièrement par une pluridisciplinarité qui n’est pas ici de circonstance, a affirmé Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou. Elle convoque, avec poésie, la sculpture, le dessin, la photographie ou encore la vidéo. Elle met à contribution des savoirs croisés – l’archéologie, l’histoire, la géologie… Tout en jouant des temporalités et des échelles.” Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne et président du jury, a rajouté : “Hadjithomas et Joreige incarnent la complexité d’histoires mêlées où passé enfoui et présent bouleversé ne cessent de hanter leur conscience“. Et de conclure : “Leur art suggère une archéologie de la mémoire, au cœur d’un présent troublé”.
Combler l’effacement des traces par les ressources de l’imaginaire
Nés en 1969 au Liban, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige se sont rencontrés en France, au cours de leurs études : la philosophie pour lui, les lettres pour elles. Leur venue à l’art, au début des années 1990, résulte du trauma des guerres civiles libanaises. En se plaçant du côté des victimes, c’est-à-dire de ceux qui ne sont pas les producteurs des images-choc, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige s’efforcent de combler l’effacement des traces et la disparition des archives par les ressources de l’imaginaire : tout comme “la guerre du Golfe n’a pas eu lieu”, « Beyrouth n’existe pas ». Cette phrase est celle que l’on peut lire au dos de l’installation Le Cercle de confusion (1997), une vue aérienne de la ville découpée en 3 000 fragments accrochés sur un pan de miroir. Ce faisant, ils mettent à jour la surface réfléchissante qui leur renvoie leur propre regard, métaphore d’une ville reconstruite et méconnaissable, composée d’autant de strates qu’il en existe de souvenirs.
« Photographier les conséquences de la guerre sur les images et sur le flux narratif », résumait Khalil Joreige à propos de la démarche qu’il mène avec Joana Hadjithomas, lors de la visite de leur dernière exposition au Jeu de Paume, Se souvenir de la lumière, il y a un an. Artistes et réalisateurs, remarqués notamment pour leur long-métrage The Lebanese Rocket Society (2013) sur le programme spatial méconnu du Liban dans les années 1960, leurs recherches articulent faits et fiction, grande histoire et récit subjectif.
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