L’artiste expose des toiles livrées aux caprices du temps et de la vie.
Invité à La Verrière de Bruxelles, dans le cadre du cycle d’expositions Poésie balistique proposé par Guillaume Désanges, Jean-Luc Moulène déplace son travail à la fois dans l’espace (d’un grand musée comme Beaubourg qui présentait l’an dernier une monographie vers une petite fondation bruxelloise) et dans la forme de son geste (des objets sculpturaux vers des objets picturaux).
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Dans la salle unique de La Verrière, l’artiste expose des peintures en diptyque, oscillant entre le rouge, le vert et le jaune : moins des monochromes que des réceptacles d’une matière évolutive née du mélange de l’huile et du goudron.
Des angles morts sont comme des lignes de vie
L’alchimie des substances transfigure la peinture soumise à un processus de décomposition, à l’image d’une autre toile où des champignons impriment leurs spores striées sur le papier. Jean-Luc Moulène parle d’une “dimension conflictuelle” dans ses toiles : les conflits chimiques et de surfaces dynamitent l’ordre figé de la couleur.
En livrant ses peintures au hasard de la vie et du temps, l’artiste n’a que la nécessité de la poésie à offrir au regard du spectateur, confronté aux mystères des objets qui se reflètent dans les miroirs de deux mobiles automates.
Dans ce jeu sur la mobilité – de la matière picturale, des corps dans l’espace –, les angles morts sont comme des lignes de vie, des lignes de fuite qu’il appartient à chacun de suivre selon la place qu’il accorde au regard. Si “l’art n’est pas fait pour être compris”, Moulène suggère qu’il est fait pour être pris dans son étrangeté. Ici, son art vibre de tous ses secrets ardents. Jean-Marie Durand
En angle mort Jusqu’au 31 mars, La Verrière-Fondation Hermès, Bruxelles
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