La nouvelle création du metteur en scène anglais Dan Jemmett célèbre de façon enlevée le théâtre de Shakespeare.
Fasciné depuis des années par le théâtre élisabéthain, Dan Jemmet, dont on n’avait pas vu le travail depuis quelques années en France, s’empare à nouveau d’une de ses pièces majeures, Le Songe d’une nuit d’été. Shakespeare va bien au metteur en scène anglais, toujours prompt à faire un théâtre qui n’est ni intellectuel, ni sérieux, ni logique.
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Un théâtre des origines tel qu’il le pratiquait déjà à l’âge de douze ans, quand il jouait la Comédie des erreurs (Shakespeare déjà !), ou bien à l’occasion de son premier spectacle, Punch and Judy, un théâtre de marionnettes nourri de Commedia dell’arte, mâtiné de Polichinelle français, et mélangé avec certains personnages de la tradition du théâtre britannique du Moyen Age.
Combi Volkswagen
Un spectacle tout sauf politiquement correct : Punch tue sa femme, son bébé, les policiers. Il tue tout le monde, même le diable, selon les versions de la fable ! Dans Punch and Judy, tous les personnages sont joués par un seul comédien. Aujourd’hui, avec Je suis invisible !, adaptation du Songe, Dan Jemmet poursuit cette recherche théâtrale que préconisait Jacques Copeau : “Cinq ou six acteurs et un tréteau nu pour représenter l’humanité.”
Autour d’un vieux combi Volkswagen qui ne voudra jamais démarrer, déjà recouvert de mousse et de lichen, comme abandonné en bordure d’une clairière enchantée, s’affairent à de nombreuses affaires tout un tas de personnages joués par cinq acteurs, Valérie Crouzet, Mathieu Delmonté, Camille Figuereo, Joan Mompart et Pierre-Yves Le Louarn.
Cette pièce féerique, où l’imagination semble avoir été le seul guide de Shakespeare, mêle le monde réel à celui fantastique des créatures de la forêt sur laquelle règnent Obéron et Titania, souverains des fées. Les chassés-croisé amoureux vont bon train dans ce Songe, où l’on est souvent pris à son propre piège en voulant s’amuser de l’autre. Edifiante par sa tempétueuse vivacité, la pièce est riche de mille ressources théâtrales dont Dan Jemmet n’hésite pas à s’emparer, enchaînant les scènes burlesques, les tours de magie, transformant son combi Volkswagen en castelet, couche nuptiale, vaisseau d’amour…
Si l’adaptation peut sembler parfois un peu abrupte, dansant sur un fil dramaturgique incertain, son recentrage judicieux sur les fameuses scènes des artisans, répétant et jouant pour les puissants la tragique histoire de Pyrame et Thisbée, laisse très librement s’échapper tout le génie comique de Shakespeare.
Je suis invisible !, mise en scène Dan Jemmet. Jusqu’au 5 décembre au Théâtre de Nîmes
Le 5 février à la Scène Nationale de Narbonne
Du 4 au 6 mars à la Scène Nationale d’Alençon
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