“Quand je joue Le Bourgeois gentilhomme, on me demande si je pense à Nicolas Sarkozy. Franchement, non. Je n’incarne pas Monsieur Jourdain en mettant des talonnettes ou en faisant des tics nerveux.” Dans le vaste jardin du Palais-Royal, en plein coeur de Paris, François Morel marche sous les arcades, écharpe autour du cou, veste rouge […]
« Quand je joue Le Bourgeois gentilhomme, on me demande si je pense à Nicolas Sarkozy. Franchement, non. Je n’incarne pas Monsieur Jourdain en mettant des talonnettes ou en faisant des tics nerveux.” Dans le vaste jardin du Palais-Royal, en plein coeur de Paris, François Morel marche sous les arcades, écharpe autour du cou, veste rouge et cheveux en pagaille. Aux abords de l’ancienne demeure de Louis XIV, lui-même accroc à l’oeuvre de Molière, on promène l’ancien Deschiens, actuellement au Théâtre de la Porte Saint-Martin.
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“Les gens parlent beaucoup de l’aspect poétique et lunaire du personnage. Je voulais aussi qu’il soit dur avec son entourage, mais on ne retient jamais ça de moi, confie le comédien, un peu surpris. C’est un truc très curieux. On me trouve toujours gentil.”
Entre les colonnes de Buren et la Comédie-Française, sous le ciel grisonnant de la capitale et le regard céleste des rois de France, l’acteur déroule. “Dans le fond, mon image ne m’intéresse pas. Je rêve des spectacles dont j’ai envie de rêver, sans me demander si le public va suivre.” Un public fidèle depuis le début des aventures de la famille Morel (“des gens qui n’avaient pas forcément le langage et qui étaient un peu paumés”) dans l’émission Nulle Part Ailleurs. C’était en 1993.
“On enregistrait Les Deschiens en dehors des locaux de Canal+. Résultat : pour nous, la coke était plus chère”, s’amuse le chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.
A l’époque, Philippe Gildas, “une personne cultivée et bienveillante”, chef d’orchestre de l’émission la plus déjantée du PAF, l’accueillait bien volontiers. Aujourd’hui, l’artiste se dit boudé par Le Grand Journal de Michel Denisot. “Visiblement, ils ne me connaissent pas puisqu’ils ne m’invitent jamais. Ils ne doivent pas me trouver assez bon client.” Une explication ? “A la télévision, il faut faire le buzz. Moi, je ne fais pas tellement le buzz, je m’en fous. J’essaie surtout d’être étonnant sur scène.”
Pudique mais bavard, l’homme de théâtre est également chroniqueur sur France Inter, avouant au passage être plus enclin à critiquer la droite que la gauche. “C’est ma faiblesse, mais avec le gouvernement actuel, il y a quand même beaucoup de matière.” Si l’auteur ne veut pas s’engager politiquement, l’ombre du 21 avril 2002 pourrait le contraindre à se dévoiler un peu.
“J’ai envie de voter pour François Hollande parce que je voudrais qu’il soit au deuxième tour… Mais mon rôle n’est pas de provoquer l’affrontement entre les gens, c’est plutôt de faire réfléchir d’une façon un peu nuancée, de diffuser deux ou trois idées plutôt gentilles.”
A deux pas du ministère de la Culture, l’heure tourne et un taxi attend notre hôte. Apparemment heureux, effectivement gentil (“La gentillesse, c’est le courage qui sourit”, rappellera-t-il, citant Jules Renard), le faux mamamouchi pas si bourge que ça reste néanmoins méfiant face à son propre avenir. “J’aimerais vraiment que ça continue comme ça mais je dois veiller à ne pas trop m’épanouir : j’ai une tendance à l’embonpoint.”
Le Bourgeois gentilhomme mise en scène Catherine Hiegel, jusqu’au 27 mai au Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris Xe, portestmartin.com
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