Au moment même où son attachée de presse nous dit qu’il n’est “jamais en retard”, John Malkovich arrive. Vêtu d’un chouette costume croisé en tweed et d’une cravate gris perle un peu moins enviable, il s’engouffre immédiatement dans le petit Théâtre de l’Atelier, créé en 1817 et planté au coeur de Montmartre. C’est dans ce […]
Au moment même où son attachée de presse nous dit qu’il n’est “jamais en retard”, John Malkovich arrive. Vêtu d’un chouette costume croisé en tweed et d’une cravate gris perle un peu moins enviable, il s’engouffre immédiatement dans le petit Théâtre de l’Atelier, créé en 1817 et planté au coeur de Montmartre. C’est dans ce lieu, qu’il adore, que se jouera sa nouvelle mise en scène des Liaisons dangereuses.
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“Quand nous avons commencé à travailler sur la pièce, il y a trois ans, nous voyions très grand, avec des stars du cinéma, se rappelle Malkovich dans un français délicat, acquis au fil de ses très nombreux séjours chez nous. Mais nous avons fini par opter pour quelque chose de plus intimiste, avec de jeunes acteurs, et le Théâtre de l’Atelier s’est imposé. J’y étais venu il y a quelques années en tant que spectateur, et je l’avais trouvé très beau. Là, il est parfait. Ni trop petit, ni trop grand.”
Un peu plus de 600 places, dit la brochure. John Malkovich a posé ses sacs sur le pupitre qui lui sert de bureau pendant les répétitions et nous dit de le suivre. A toute vitesse, il grimpe sur la scène, où deux acteurs répètent des combats avec leur maître d’armes. Il faut cinquante heures de répétitions pour une minute de combat – et il y en a cinq minutes dans la pièce…
Les acteurs s’activent, Malkovich ne dit pas un mot et traverse un plateau vide de tout décor. “A quoi cela aurait-il servi de mettre le fatras d’époque que tout le monde connaît ? Dans toute la mise en scène, j’ai voulu qu’il y ait quelque chose de brut, minimaliste. En fait, assez proche des répétitions…”
En haut d’un escalier étroit, Malkovich nous conduit justement dans la salle de répétitions du théâtre. Là où toute la mise en scène a pris forme.
“Quand nous avons procédé aux lectures, assis sur nos petites chaises, sans décor, quelque chose de très fort s’est passé, se souvient-il. Il y avait une vraie force, une intensité. Bien qu’il ait été écrit au XVIIIe siècle, le texte est tellement formidable, drôle et moderne, qu’il n’était pas nécessaire d’en faire trop.”
Même les costumes ont été traités dans cette optique. Un peu plus loin, dans la pièce où s’active la costumière, l’Américain nous montre quelques tenues volontairement inachevées. “Je ne voulais surtout pas que les costumes aient l’air parfaits.”
John Malkovich, qui campa lui-même un formidable Valmont dans Les Liaisons dangereuses de Stephen Frears en 1988, poursuit la visite guidée. Le plafond est bas, les couloirs étroits, il nous dit de nous méfier des extincteurs qui pendent à hauteur de crâne. Il descend puis grimpe des marches, avant de se poser au balcon, sur les sièges les plus haut perchés. “Ce sont mes places préférées, dit-il. Le théâtre étant assez petit, on n’est pas très loin de la scène et on voit des choses que l’on ne voit pas depuis la corbeille. Pendant les répétitions, je viens souvent me mettre en hauteur, un peu comme l’entraîneur d’une équipe de foot qui se remettrait dans les gradins pour mieux voir comment ses joueurs se déplacent…”
Sur scène, les acteurs continuent d’en découdre. La première représentation a lieu dans quelques jours seulement, les journées sont longues, intenses, mais Malkovich semble complètement imperméable au stress.
“Vous voyez, un bon théâtre, c’est une bonne acoustique, un beau plateau. Mais ce sont surtout des émotions. Il faut qu’il se passe quelque chose entre la salle et la pièce que l’on joue. Je pense que cela va fonctionner ici.”
Marc Beaugé
Les Liaisons dangereuses mise en scène John Malkovich, à partir du 12 janvier au Théâtre de l’Atelier, Paris XVIIIe, theatre-atelier.com
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