Avec son double masculin, Andreas Merk, la chorégraphe ose un carnaval de haute voltige qui bouscule Stravinsky, au Théâtre de la Bastille puis aux Hivernales.
On pourrait commencer cette recension de Jaguar sous la forme d’un inventaire : un cheval, des néons, un Sacre, un sample de Nina Simone, deux performeurs, des tonnes de maquillage. Et on en passe. Ce serait dire tout ce que Jaguar est – ou n’est pas.
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Dans ce duo multiple, Marlene Monteiro Freitas et son double (?) masculin Andreas Merk s’inventent des masques et des danses. Ils osent désacraliser le Sacre du printemps sur la musique d’Igor Stravinsky comme rarement. Chavirant et musical, avec quelques serviettes pour accessoires, ce ballet dans le ballet n’est pas tant une parodie qu’un exercice de haute voltige qui emporte le public très loin.
L’ouverture de Jaguar mixe le burlesque et le minimalisme, ce qui est déjà en soi un défi. Puis tout s’affole, les séquences paraissent jaillir de nulle part – ou plus précisément de ces deux cerveaux en ébullition. Les figures animales aussi semblent échappées d’un univers fantasmagorique puisant aux contes (on pense à Hoffmann) ou à des peintres d’art brut.
Sans oublier Mandinga, figure du carnaval capverdien dont le nom est tout un programme. L’impureté est ici revendiquée comme un des beaux-arts. On peut même dire que cette danse est violente – d’une violence qui nous retourne et nous la fait aimer. Jaguar se métamorphose autant que les visages peinturlurés de Marlene et Andreas. “
Derrière la dimension carnavalesque de mes pièces, il y a certainement un désir de transgresser les limites de l’esthétiquement correct, d’essayer autre chose”, clame encore Marlene Monteiro Freitas. Le Jaguar ne tient pas en cage.
Jaguar Conception Marlene Monteiro Freitas, du 12 au 18 février, Théâtre de la Bastille (Paris XIe), le 26 à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon dans le cadre des Hivernales
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