Une collaboration singulière entre l’artiste Guillaume Bresson et le club de foot du Red Star, mu par un “désir d’art” pour son mythique stade Bauer.
En attendant le 10 juin et le match d’ouverture de l’Euro 2016 France-Roumanie, on peut se délecter de cette histoire comme il en existe peu dans le champ de l’art. Prenez un club de football historique, le Red Star, fondé à la fin du XIXe siècle par celui qui inventera par la suite la Coupe du monde, Jules Rimet.
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Ajoutez une banlieue rouge, ou ce qu’il en reste, son stade légendaire aux abords des puces à Saint-Ouen, sa skyline urbaine et ses tribunes au bord de l’effondrement quand de l’autre côté du périph le Parc des Princes roule des mécaniques avec ses loges VIP et l’autocélébré roi Zlatan.
Une multiplications des points de vue sur les tribunes, les supporters, les joueurs…
C’est pour le stade Bauer, actuellement fermé, que la directrice générale du Red Star FC, Pauline Gamerre, a formulé un “désir d’art”. La formule peut paraître étrange mais c’est celle, consacrée, qu’utilisent Les Nouveaux Commanditaires depuis le début des années 1990, date à laquelle naît cette association discrète, soutenue par la Fondation de France, qui œuvre à mettre en relation des commanditaires issus de la société civile et des artistes susceptibles d’élaborer des réponses à leurs besoins. Des médiateurs jouent les aiguilleurs et aident à préciser la demande.
Pour le Red Star, les dirigeants du club avaient d’abord imaginé une grande fresque. C’est finalement vers une œuvre plus modeste (en taille) qu’ils ont été dirigés. Et c’est le jeune peintre Guillaume Bresson, dont on connaissait déjà la virtuosité technique essorant ses scènes ultracontemporaines de bagarres urbaines au filtre de la peinture classique, qui s’est attelé à la tâche.
Il a réalisé des centaines de photographies et autant de dessins lors de ses visites qui lui ont ensuite permis de recomposer une série de plans. Huit en tout, qui composent un polyptyque à géométrie variable et multiplient les points de vue sur la pelouse, les tribunes, les vestiaires, les supporters et bien sûr les joueurs.
“Aux antipodes de l’hypertrophie qui constitue la norme de l’univers du football professionnel”, comme l’écrit le critique Jean-Marc Huitorel, le “retable” kaléidoscopique de Bresson sera présenté dès que le stade rouvrira, dans l’une de ces vitrines où l’on conserve coupes, fanions, écharpes et devises. D’ici là, l’œuvre se prépare à jouer à l’extérieur, début juin, au sein de l’exposition consacrée aux relations entre art et foot à la Villette.
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