À l’aube de l’exposition dédiée à Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton, on a passé en revue six incontournables pionnières du design.
Personnalité du design du siècle passé, Charlotte Perriand sera à l’honneur à travers une exposition de la Fondation Louis Vuitton, dès le 2 octobre. Cette monographie, qui marque les 20 ans de sa disparition, est une bonne excuse pour revenir sur l’oeuvre de cinq autres femmes, véritables pionnières de la discipline du XXème siècle. Si l’univers du design actuel présente nombre de personnalités féminines (matali crasset, Patricia Urquiola, Inga Sempé etc.), son histoire en retient peu. L’exposition consacrée à Charlotte Perriand, qui ouvrira dans quelques jours à la fondation Vuitton, nous a donné envie de nous pencher sur ses consœurs peu connues du grand public.
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Eileen Gray (1878-1976)
Qui c’est : L’Irlandaise s’initie d’abord à l’art du laque, qu’elle cultive après son installation à Paris, avant d’y ouvrir en 1992 sa propre galerie. Au programme: paravents, meubles, tentures, lampes, divans, tapis etc. Autant de pièces qui trouveront client·e·s chez les mondain·e·s de l’époque comme Les Noailles, Elsa Schiaparelli ou Loïe Fuller.
Son oeuvre marquante : La Villa E-1027 à Roquebrune-Cap-Martin, qu’elle pense avec Jean Badovici. Achevée en 1929, elle répond aux règles de l’architecture moderne, tout en allant à contre-courant de la vision rigide de la modernité de l’époque.
Marianne Brandt (1893-1983)
Qui c’est : Rare figure féminine à avoir émergé du Bauhaus, célèbre école d’architecture et d’arts appliqués allemande, elle intègre l’institution en 1923. Fait rare pour une femme, Brandt y suit les cours de l’atelier de métallurgie. Atelier dont elle prend la tête en 1928, avant d’entrer dans le cabinet de l’architecte Walter Gropius en 1929.
Son oeuvre marquante : Elle reste connue pour ses créations en métal, dont sa célèbre théière éditée chez Tecnolumen.
Charlotte Perriand (1903-1999)
Qui c’est : Charlotte Perriand se fait connaître avec ses réflexions sur l’habitat minimal en 1927, lors du Salon d’Automne. Elle y présente du mobilier avant-gardiste utilisant des tubes d’acier alors réservés aux lits d’hôpitaux. Engagée, elle évoque à travers un photomontage, intitulé La Grande misère de Paris, la vie des habitant·e·s de la capitale. Elle offre aussi son art au gouvernement du Front Populaire pour légitimer sa politique. Après la Guerre, elle s’illustre dans l’équipement collectif en signant l’aménagement de la Maison de la Tunisie et du Mexique et de la Cité Universitaire de Paris. Passionnée de montagne, elle participe à la création de la station des Arcs en Savoie.
Son œuvre marquante : Les meubles tubulaires qu’elle crée avec Le Corbusier: le fauteuil Grand Confort, présenté comme une réponse au traditionnel fauteuil Club anglais, ainsi que la chaise longue B306.
Ray Eames (1912-1988)
Qui c’est : Ray Eames est la moitié d’un des duos de designers (qu’elle forme avec son époux Charles) les plus importants du XXème siècle, connu pour son travail autour du moulage du contreplaqué.
Son oeuvre marquante : La Dining Chair Plywood, reconnaissable à ses lignes organiques. Elle est présentée lors de l’exposition tristement intitulée New Furniture Designed by Charles Eames au MoMA en 1946. Le site des designers précise que tous leurs dessins ont été conçus par Ray et Charles de manière égale. Ce dernier a dû clarifier ce point très fréquemment. Un tel partenariat était alors inconcevable à l’époque.
Andrée Putman (1925-2013)
Qui c’est : Journaliste, puis styliste pour la chaîne de magasins Prisunic, elle lance en 1971 Créateurs et Industriels, une société qui déniche de jeunes talents comme Castelbajac ou Mugler. On lui confie les intérieurs d’enseignes hôtelières comme Sheraton, Ritz Carlton, et de boutiques de luxe. Putman imagine aussi le bureau de Jack Lang, ministre de la Culture, ainsi que des musées comme le CAPC à Bordeaux.
Son œuvre marquante : L’Hôtel Morgans, à New York, où elle signe, en 1984, un célèbre carrelage noir et blanc qui deviendra sa marque de fabrique, symbole d’un savant mélange de simplicité et de sophistication.
Gae Aulenti (1927-2012)
Qui c’est : Cette théoricienne du design a réaménagé les intérieurs du Musée d’Orsay et du Centre Pompidou dans les années 1980. Diplômée de l’école polytechnique à Milan, elle officie pour de grandes maisons comme Knoll ou Artemide. De 1966 à 1969, elle est vice-présidente de l’Associazione per il Disegno Industriale, qui décerne le Compasso d’Oro, une des plus prestigieuses récompenses de la discipline. Reconnue sur la scène internationale, Aulenti reçoit la Légion d’honneur en 1987.
Son oeuvre marquante : La lampe Pipistrello, inspirée par l’Art Nouveau qui naît en 1965 en plein dans les années pop. Une icône qui fait partie des collections du MoMa.
Cet article a été inialement publié sur Cheek Magazine.
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