Installée près d’une station ferroviaire au Nord-Est de Fukushima, la sculpture « Sun Child » de l’artiste contemporain Kenji Yanobe déchaîne l’opinion. En cause, la tenue anti-nucléaire arborée par l’enfant sculpté, dont l’interprétation suscite la controverse.
Depuis le 3 août dernier, la sculpture monumentale Sun Child, du Japonais Kenji Yanobe, trône près d’une station de train de Fukushima. L’enfant soleil porte une combinaison de protection anti-nucléaire jaune, des gants et une paire de bottes noires également protectrices. Son casque dans la main gauche, l’enfant regarde vers le ciel et soulève, dans sa main droite, un soleil stylisé. Sur sa combinaison, l’écran central indique trois zéros, un taux radiation correspondant à un environnement a priori sain.
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Depuis son installation, la sculpture monumentale de 6,2 mètres déchaîne pourtant les passions. Les habitants de Fukushima ont peu à peu fait valoir leur mécontentement auprès du gouvernement local, jusqu’à demander le déplacement de la statue. En effet, les riverains se plaignent de la teneur du message véhiculé par l’œuvre qui irait, selon eux, à l’encontre de la réputation de la ville, qui renaît patiemment depuis la catastrophe nucléaire de mars 2011.
Un message d’espoir qui porte à confusion
Kenji Yanobe, le créateur de l’enfant soleil, avait pensé son œuvre comme un véritable message d’espoir, prônant un monde débarrassé du nucléaire. Le taux de radiation indiqué sur le compteur de la combinaison, le casque tenu en main et le soleil soulevé par l’enfant étaient pour lui autant de signes porteurs d’un message positif, celui d’une génération tournée vers l’avenir, « brave et fort[e] face aux difficultés rencontrées« .
Les habitants de Fukushima ne sont pas de cet avis. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses critiques ont été adressées à l’artiste et au maire de la ville, considérant que la statue suggérerait que la zone subit encore les conséquences de la catastrophe nucléaire, et qu’il faudrait encore, sept année après, porter des protections anti-nucléaires. Les riverains s’offusquent donc de l’image anxiogène qu’associe à l’oeuvre à la ville. Le mécontentement est également alimenté par la lecture ambivalente qui peut être faite de l’écran aux trois zéros. S’il s’agit normalement d’une mesure indiquant un environnement sain, d’aucun prétendent qu’elle porte à confusion puisqu’un tel niveau de radiation ne se rencontre jamais, même dans les milieux naturels qui n’ont pas été touchés par des radiations nucléaires.
L’artiste et la municipalité, envisageant toutes les critiques avant de se prononcer sur le démantèlement ou non de l’œuvre, se sont exprimés face aux plaintes. Kenji Yanobe, rappelant le message intrinsèquement positif de son œuvre, reconnaît qu’il aurait dû davantage « prêté attention au fait que les connaissances en matière de radiation sont bien plus attendues aujourd’hui qu’avant la catastrophe« . Quant au maire de la ville, Hiroshi Kohata, il a choisi de défendre l’installation de la statue, dans laquelle il percevait un message d’espoir pour le futur de la ville, et une injonction à développer des sources d’énergie renouvelable. Alors que Fukushima se prépare à accueillir certaines épreuves des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, les interprétations méfiantes des citoyens pourraient bien trancher en défaveur du Sun Child.
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