Entre cabaret chantant et concert rock, Rémy Barché transforme la comédie politique de Beaumarchais en une drôle d’aventure où l’esprit de résistance puise ses forces dans la joie et les rires.
Des ballons de baudruche sont accrochés dans les cintres, d’autres multicolores envahissent le plateau et rajoutent au désordre des préparatifs de la fête qui s’annonce.
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Une folle journée d’aujourd’hui
En montant La Folle Journée… de Beaumarchais, Rémy Barché transporte les intrigues du mariage de Figaro et de Suzanne sur les tréteaux d’un théâtre qui se réclame du présent. Rien d’étonnant alors que les techniciens aient laissé la radio allumée et qu’on soit accueillis dans la salle par un bulletin d’infos et le rappel de la liste anxiogène des mauvaises nouvelles à l’ordre du jour.
On a souvent dit que la pièce, écrite en 1778, annonçait la révolution à venir… Mais pas question pour Rémy Barché de s’en emparer pour prétendre transformer son auteur en un donneur de leçons capable de résoudre les problèmes d’aujourd’hui.
C’est le versant dionysiaque de l’œuvre qu’il se propose d’explorer, pour témoigner d’une ode à l’amour, baume idéal pour vaincre les tentations de céder au désespoir devant l’adversité de l’époque.
Accepter le réel en dansant sur un volcan
“La gaieté et la volupté avec lesquelles Beaumarchais raconte la vie de château me semblent tout aussi intéressantes que la colère avec laquelle il dénonce ses dysfonctionnements et ses hypocrisies, précise le metteur en scène. Cette ambivalence me semble très actuelle : nous ne sommes pas prêts à nous défaire des attributs et des pouvoirs que nous dénonçons pourtant avec lucidité.”
A l’image des personnages, il nous faudra accepter de ne rien occulter du réel tout en assumant de danser sur un volcan et faire la fête au son de Suzanne de Leonard Cohen ou de Like a Virgin de Madonna. Le pari est gagné.
En se déployant sur quatre heures, le spectacle semble au final trop court. Quittant la salle à regret, on applaudit des deux mains cette troupe qui nous rappelle que l’avenir n’est pas écrit, qu’il demeure toujours en notre pouvoir d’en relever joyeusement les défis pour le construire à l’image de nos désirs.
La Folle Journée ou le Mariage de Figaro de Beaumarchais, mise en scène Rémy Barché, avec Suzanne Aubert, Marion Barché,
Myrtille Bordier, Alix Fournier-Pittaluga,
Fabien Joubert, Alexandre Pallu, Tom Politano, Samuel Réhault, Gisèle Torterolo, Paulette Wright, du 24 au 28 janvier au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine
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