La troisième édition de la Fête du Court Métrage est l’occasion de dresser un état des lieux du court métrage en France, mais aussi de se replonger dans la genèse d’oeuvres accomplies. Nous vous proposons, en exclusivité, deux courts métrages présentés à cette cuvée 2019.
Pour sa troisième année, la Fête du Court Métrage n’a rien changé de son imparable recette. Du 13 au 19 mars, un peu partout en France et à l’international, le court métrage envahit les écrans de cinéma. Si l’événement a pour but de promouvoir ce format spécifique, véritable maillon de la filmographie d’un auteur, il permet également de constater la bonne santé du format court et par conséquent du jeune cinéma français en général.
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Un temps relayé au rang d’examen d’entrée dans la cour des grands, le court a depuis plusieurs années retrouvé toute son importante place. A tel point qu’il n’est plus rare de voir certains cinéastes, surtout ceux de la nouvelle génération, comme Bertrand Mandico (Ultra Pulpe), Yann Gonzalez (Les Îles) ou Antonin Peretjatko (Panique au Sénat), revenir à la forme courte après avoir réalisé un long métrage. Ebauche d’une oeuvre en devenir, expérience ou prolongement de motifs fétiches… Le court métrage revêt, en son sein, plusieurs formes, et la nouvelle édition de la Fête du Court Métrage en est plus que représentative. Répartis en diverses sections, les films de la programmation 2019 offrent un riche panel d’oeuvres mêlant nouveaux talents et incontournables.
Nouveaux talents
Dans la catégorie jeunes cinéastes en devenir, on note la présence de Charline Bourgeois-Tacquet et de sa Pauline Asservie, évocation drolatique et émouvante du Discours amoureux de Roland Barthes, qui depuis sa présentation à la Semaine de la critique en mai dernier est devenu le véritable hit des festivals. Autre cinéaste prometteuse : Alice Douard et sa bande de Filles (2015), belle évocation du temps de l’été et de l’adolescence, de ses plages d’ennui, de ses cigarettes fumées en cachette et de ses garçons épiés du coin de l’oeil.
Côté nouveauté, on trouve également Vilaine Fille d’Ayce Kartal, portrait sensible et animé d’une petite fille hantée par un douloureux traumatisme et récompensé il y a quelques semaines du César du court d’animation, ainsi que du grand prix du festival de Clermont en 2018.
Incontournables
https://www.youtube.com/watch?v=Me950LweqjE
Dans la catégorie « Incontournables », la comédienne et réalisatrice Marilyne Canto sera présente avec Fais de Beaux rêves, sensible chronique en noir et blanc sur le deuil. Installé à Angoulême pour réaliser son nouveau film au casting fou, Wes Anderson sera également de la partie avec son désormais culte Hôtel Chevalier. A l’affiche du programme « Nouvelles Vagues », Sophie Letourneur et ses conversations de filles exaltées (La tête dans le vide) rencontreront les étudiantes Charlotte et Véronique de Tous les garçons s’appellent Patrick de Jean-Luc Godard.
Parmi le florilège de films présentés, notons quelques autres réjouissances : Paris Ficelle de Laurence Ferreira Barbosa avec un certain jeune premier du nom de Denis Lavant ; A bras le corps de Katell Quillévéré ; Menage de Pierre Salvadori ; Les Indes Galantes de Clément Cogitore ; Le skate moderne d’Antoine Besse ou l’improbable rencontre entre le documentaire rural et la comédie musicale ; Venerman de Tatiana Vialle et Swann Arlaud mais aussi le poignant documentaire Barber Shop d’Émilien Cancet et Gustavo Almenara.
A l’occasion de la Fête du Court Métrage, Les Inrocks vous proposent de visionner, en exclusivité, deux films qui seront présentés lors de cette troisième édition :
Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Caroline Poggi et Jonathan Vinel (2014)
https://www.youtube.com/watch?v=JWsAK45usHY
La sortie prochaine de leur premier long métrage, Jessica Forever, le 1er mai prochain, était l’occasion parfaite pour (re)voir l’impressionnant Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, Ours d’Or du meilleur court à la Berlinale de 2014. Véritable pièce matrice, le film, présenté à l’occasion des 50 ans du GREC, installe avec virtuosité tous les éléments chers à leur cinéma. Quelque part entre les couleurs ouatées, les silhouettes juvéniles d’Elephant de Gus Van Sant et la rudesse du cinéma de Bruno Dumont, Tant qu’il nous reste… est un film sur le désenchantement d’une jeunesse égarée dans les paysages désertiques des banlieues pavillonnaires françaises. Ne sachant que faire pour échapper à ce quotidien morbide, deux jeunes garçons hagards trouveront refuge auprès de grand gaillards armés jusqu’aux dents. Récit apocalyptique, fable guerrière, Tant qu’il nous reste… est aussi une bouleversante ode à la fraternité, nouvelle et unique famille possible.
Mes Copains de Louis Garrel (2008)
C’est à 24 ans que Louis Garrel, jusqu’alors estampillé nouvelle tête du cinéma français, réalise son premier court métrage. Le titre gentiment naïf du film est à l’image de son projet : regrouper une bande de vrais et précieux copains (que le cinéaste et comédien connait depuis ses seize ans), les filmer et capturer ainsi une certaine idée d’une jeunesse parisienne, celle qui squatte les cafés jusqu’au petit matin, devise sur l’amour et ses infidélités. Si les personnages de Louis Garrel sont bien de leur temps, on reconnait pourtant bien là les silhouettes immuables de leurs grands frères de cinéma, qui cinquante ans plus tôt, vadrouillaient gaiement dans les rues de Paris sous l’oeil attentif des jeunes premiers de la Nouvelle Vague. Aussi primitif que beau, Mes Copains s’offre comme l’ébauche sensible et prometteuse des oeuvres à venir de Louis Garrel.
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