Pour sa première édition, le festival Sur les frontières explore ce lieu de friction et de porosité qui ne demande qu’à être franchi.
En inaugurant la première édition d’un festival ayant pour titre Sur les frontières, Didier Deschamps, le directeur du Théâtre National de Chaillot, s’attaque d’abord au manque d’ouverture d’esprit de notre époque où l’on préfère le plus souvent camper derrière ses propres frontières, qu’elles soient intimes, artistiques ou géopolitiques. Appel à l’échappée belle via les créations d’artistes venus de tous les horizons, ce festival aux allures d’école buissonnière ambitionne aussi de s’affranchir du carcan des limites entre les disciplines. Sur les frontières a pour objectif de croiser tous les arts, de la danse à la musique, du théâtre au cinéma et à la littérature. Un appel d’air revigorant qui se revendique d’abord du mélange des genres.
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Quel regard portez-vous sur la notion de frontière qui est au coeur des enjeux de ce nouveau festival ?
Didier Deschamps – Une frontière peut être quelque chose de très positif, elle est souvent nécessaire au fait de se définir comme une personne, elle donne les limites d’un espace dans lequel on a ses repères. Mais elle peut aussi devenir négative si on en fait un enfermement qui vous empêche de voir ce qui se passe au-delà. En cela, c’est une notion qui ouvre le champ des possibles à de multiples rencontres entre les artistes.
Comment s’est imposé l’intitulé, Sur les frontières ?
L’invention d’un festival permet d’aller plus loin sur un sujet, et nous souhaitions explorer depuis longtemps la thématique des frontières, qui est au centre des débats d’aujourd’hui. Il s’agit, avec ce festival, d’envisager l’idée des frontières au sens large… Qu’elles soient disciplinaires, métaphoriques et poétiques ou qu’elles correspondent, comme c’est le cas cette année, au cadrage d’un territoire géopolitique.
Cette première édition est consacrée à des artistes venus du sud et de l’est du bassin méditerranéen.
Il se trouve que nous ouvrons la discussion en concentrant notre attention sur un espace qui se déploie du Maghreb au Moyen-Orient, mais cette approche géographique n’est pas consubstantielle de notre démarche vis-à-vis des artistes. De prochaines éditions pourraient tout aussi bien s’intéresser au rapport entre le réel et l’imaginaire. C’est l’endroit de la césure, celui de la porosité entre les cultures ou de la friction entre les oeuvres et les visions, que nous avons envie de questionner à travers cette invitation à porter notre regard par-dessus les frontières.
Quel signal voulez-vous donner en organisant un tel événement au Théâtre National de Chaillot ?
Chaillot est un haut lieu de l’histoire du théâtre en France, et même si aujourd’hui son orientation s’est recentrée sur la danse, je ne voudrais pas que cette situation corresponde à un nouvel enfermement derrière les limites d’une frontière disciplinaire. Ainsi, Sur les frontières réunira toutes les disciplines, de la danse au théâtre, de la musique à la littérature et au cinéma, dans le but de rendre compte des liens qui se tissent sans cesse entre tous les arts.
Propos recueillis par Patrick Sourd
Retrouvez ici notre supplément consacré au festival « Sur les frontières » qui se tiendra du 16 au 28 avril 2013 au théâtre national de Chaillot.
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