Chaque saison du Festival d’Automne à Paris (et au-delà en Île de France) prend la forme plus ou moins définie d’un sismographe des créations. En danse plus encore qu’en théâtre.
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La manifestation, depuis 1972, a épousé les grands courants comme la danse américaine, de Merce Cunningham à Trisha Brown, puis dans les années 2000, la danse conceptuelle des Jérôme Bel, Xavier Le Roy, Boris Charmatz et consorts. “Le Festival d’Automne est né du vide ambiant. Avec, au départ, ces quelques idées-forces, auxquelles je n’ai cessé d’être attaché : les frontières nationales ne sauraient en aucun cas être des limites culturelles ; la création n’a de sens qu’à se nourrir d’échanges, de brassages, de confrontations”, résumait son fondateur, Michel Guy. Mais comment rester un pionnier durant 50 ans alors que les forces vives de la création dessinent une autre cartographie des corps, que la dérive des continents se fait aussi chorégraphique ?
Surtout, d’autres festivals défricheurs montrent la voie : Actoral à Marseille, Next à cheval sur les frontières françaises et belges, FAB à Bordeaux. Le Festival d’Automne change en partie d’équipe et ne manquera pas de labourer d’autres territoires. Les danses urbaines par exemple, infusant depuis quelque temps déjà via le krump ou le voguing, nombre de spectacles. Ou, qui sait, le flamenco, véritable vivier créatif en Espagne. Pour la première fois, l’un de ses maîtres Israel Galván figure au programme du festival en duo avec la reine Marlene Monteiro Freitas. Que dire enfin de l’Afrique et de ses soubresauts d’artistes trop peu vus par ici ?
Le reproche, pas tout à fait infondé, est que la manifestation ne se renouvelle pas assez, présentant souvent les mêmes noms. En 2021, Lia Rodrigues, à qui un portrait était consacré, avait décidé d’inviter des artistes brésilien·nes peu repéré·es. Un bouquet de talents réjouissant. Cette année, c’est Amanda Piña, mexico-chilienne, qui ouvrait le bal avec Frontera/Procesion – Un Ritual de Água, projet pluridisciplinaire au long cours intitulé Endangered Human Movements. Une manière de décoloniser les arts et la culture et de réconcilier le Festival d‘automne avec son futur.
Édito initialement paru dans la newsletter Scènes du 25 octobre
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