Le festival America reprend enfin ses quartiers à Vincennes du 22 au 25 septembre. En marge des nombreuses rencontres avec celles et ceux qui écrivent l’Amérique d’aujourd’hui et de demain, l’exposition “Le Dieu noir”, du photographe français Jacob Chetrit, propose une immersion poignante auprès des oublié·es du trumpisme.
America est morte, vive America. Si la revue trimestrielle a tiré sa révérence à l’hiver 2021, le festival, avec qui elle partageait son nom et ses ambitions d’analyse de la société américaine par le prisme de la littérature, fait son retour en fanfare à Vincennes après quatre ans de Covidus interruptus.
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Sous l’intitulé un peu générique “2022 : Voix d’Amérique”, cette dixième édition convoque comme toujours écrivain·es, bédéastes, mais aussi cinéastes, photographes et street artists. Car les propositions visuelles, un peu planquées au sein d’une programmation littéraire foisonnante (plus de 120 rencontres sur quatre jours, entre jeunes plumes et poids lourds dont Joyce Maynard, Ta-Nehisi Coates, Jonathan Franzen et Russell Banks – en visio, malheureusement), méritent également que l’on ralentisse le pas dans les travées du festival.
Les oublié·es du rêve US des années 2010
Si l’on salue la large place laissée aux réflexions développées par des écrivain·es autochtones du continent américain, dans son acception géographique la plus large (États-Unis, Canada mais aussi Guyane), les clichés du photoreporter français Jacob Chetrit en partagent certainement nombre d’enjeux : mise en tension des territoires, paupérisation des populations et rapports de force d’emblée pipés.
Le “Dieu noir” qui donne le nom à sa série, c’est la réserve d’hydrocarbure sur laquelle est assise la petite ville de Sidney, Montana (“6000 habitants, treize églises et autant de bars”). Une communauté rurale blanche mais tout aussi soumise à la domination de plus forte qu’elle, l’industrie pétrolière dont elle dépend économiquement et dont elle subira de plein fouet les revers, entre fermetures des mines et catastrophes écologiques en gestation.
En quelques formats carrés, ciels laiteux et portraits d’habitant·es désabusé·es, c’est un concentré de Midwest et l’essence des promesses trumpiennes non tenues qui sont à découvrir, jusqu’au dimanche 25 septembre, sur les murs de la Salle des fêtes de l’Hôtel de ville de Vincennes.
Le Dieu noir de Jacob Chetrit, jusqu’au 25 septembre dans le cadre du festival America, Vincennes.
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