Le punk au musée, suite logique ou hérésie ? A partir de janvier 2011, la Villa Médicis présentera une exposition consacrée à « la culture visuelle punk en Europe de 1976 à 1980 ». Présentation en avant-première.
Lorsqu’on sait que les Sex Pistols ont vu le jour dans une boutique « anti-fashion » de Londres baptisée « Sex », sur l’initiative de Malcolm Mclaren et Vivienne Westwood, on comprend rapidement que dans le mouvement punk, l’apparence a une importance capitale. De là à consacrer une expo sur l’aspect purement esthétique du punk en Europe, il n’y a qu’un pas que franchit la Villa Médicis à Rome.
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A partir du 21 janvier 2011, elle accueillera l’exposition Europunk qui revient sur le cœur du mouvement, « de la première apparition télévisuelle des Sex Pistols en 1976 au premier passage à la BBC de Joy Division, en 1979″, période où le punk est « une véritable contre-culture et non une sous-culture ». Pour la première fois seront présentées 500 pièces issues du mouvement punk de la deuxième moitié des années 1970 : vêtements, fanzines, affiches, tracts, dessins et collages, pochettes de disques et films.
Un tour d’Europe est proposé : Angleterre bien sûr, mais aussi Pays-Bas, Italie, Allemagne, Suisse, et France. Pour Eric de Chassey, directeur de l’Académie de France à Rome et commissaire de l’exposition, « sur les années 1976-1978, le seul équivalent à la puissance de la culture visuelle des Sex Pistols se trouve dans les productions du groupe Bazooka« , le collectif de graphistes de Kiki Picasso.
Il n’y aura donc pas de tableaux ni d’œuvres d’art traditionnelles, celles-ci n’ayant « généralement pas la force artistique des vraies œuvres punk ». Pour Eric de Chassey, le mouvement n’a jamais relevé de l’art et « a même refusé d’être de l’art ». D’ailleurs, si ce refus de produire de l’art peut expliquer « la brièveté de son existence concrète en tant que mouvement vivant », son influence reste toujours visible. Et cela parce que le punk porte « l’ambition de l’art le plus élevé : changer la vie ».
Alors, ce n’est pas trahir l’esprit du mouvement que de mettre des objets punks dans une galerie d’art. Pour le commissaire de l’exposition, outre le fait que l’imagerie punk est « complètement passée dans la culture commune, rétrospectivement, on ne peut que se rendre compte de l’extraordinaire qualité visuelle, et donc artistique de cette production. »
« Il n’est pas question ici de montrer ‘l’art autour du punk’, mais bien le punk en tant qu’art. »
Un catalogue comprenant des textes de spécialistes, des fac-similés de magazines et plusieurs centaines d’images sera édité par Drago.
Jean-Paul Deniaud
Europunk : La culture visuelle punk en Europe, 1976-1980, du 21 janvier au 20 mars 2011 à la Villa Médicis, à Rome.
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