Erudit mais accessible, l’ouvrage collectif L’Objet de l’exposition – L’architecture exposée rend compte de l’évolution de l’exposition d’architecture depuis un siècle.
Comme son titre l’indique, l’ouvrage porte une réflexion sur l’exposition, comprise en tant qu’objet d’étude à part entière. Ce faisant, il s’inscrit pleinement dans le champ des “exhibition studies” et participe à cette passion de l’exposition qui occupe aujourd’hui tant d’artistes, de curateurs et d’historiens d’art. Plus précisément, il s’agit de proposer une lecture ouverte de l’exposition d’architecture sur une chronologie s’étendant du début du XXe siècle à nos jours.
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L’intérêt de ce type de publication est de réunir les plus fins connaisseurs autour d’un sujet, la valeur ajoutée étant ici que les différentes problématiques explorées trouvent à se répondre et à se compléter. Ainsi de l’article du critique d’architecture et enseignant Pierre Chabard expliquant que la prise en charge de l’architecture par l’institution muséale a consacré son entrée dans le champ culturel, et par conséquent dans le domaine marchand. Ce phénomène a contribué à “élargir l’horizon médiatique de l’architecte mais également à obscurcir ce que l’on entend par ‘culture architecturale’”. Les deux exemples (la Biennale de Venise de 1980 et l’exposition House Rules en 1994) étudiés par Stéphanie Dadour et Léa-Catherine Szacka, chercheuses et enseignantes, montrent combien l’exposition est un “vecteur de changement de paradigme”.
“L’architecture comme artefact critique”
Changement également abordé par la critique et commissaire Marie-Ange Brayer, laquelle, dans ses écrits sur “l’architecture comme artefact critique”, questionne pertinemment l’exposition d’architecture à l’ère du “computationnel”, où les objets exposés se rapportent “à une forme évolutive dans le temps, processuelle, cognitive, susceptible de rejoindre en cela l’exposition de certains artistes aujourd’hui”.
Servi par un véritable travail de conception graphique et supporté par quelques visuels, le livre constitue certes la trace d’un programme de rencontres mené par l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges et le département d’histoire de l’art de l’Université François-Rabelais de Tours (en partenariat avec le Frac Centre), mais il parvient justement à éviter l’écueil de la monotonie des actes de colloque.
L’Objet de l’exposition – L’architecture exposée Collectif, ENSA Bourges, 166 pages, 18 €
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