Qui révèle qui ou quoi, et surtout comment ? L’artiste Sarkis, internationalement reconnu dès les années 1960, répond à l’invitation des jeunes commissaires du DOC et les autorise à faire renaître ses dessins disparus. L’exposition des ”Révélations” de Sarkis l’effaceur s’annonce de bon augure.
Le DOC ouvre un nouveau cycle d’exposition. On s’en réjouit. L’association se relève après une menace d’expulsion dont on se faisait l’écho dans un article du 9 décembre dernier. A l’initiative d’une poignée de jeunes artistes, cet ancien lycée technique du XIXe arrondissement de Paris confirme son nouveau statut d’immense laboratoire artistique, un squat peu ordinaire.
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Il y a de quoi s’y perdre, le DOC loge dans ses étages des pôles techniques (bois, métal, photo ou son), des ateliers d’artistes, une salle de projection et de concert, et, tout de suite à droite après l’entrée, un espace d’exposition.
Corentin Canesson et Damien Le Dévédec pilotent la programmation de cet espace après avoir codirigé, pendant cinq ans, l’espace d’exposition Standards à Rennes. Les deux commissaires s’attachent à associer les gestes de la pratique artistique et ceux de l’installation d’une exposition. Le DOC appelle artistes et commissaires à décliner ce thème pour sa saison à venir. Aussi, l’invitation donnée à Sarkis est presque évidente. La pratique artistique de ce dernier peut, en effet, se résumer à une fascination pour le processus de création de l’image et les divers gestes qui l’accompagnent.
Ardoise magique
Le DOC s’intéresse à la réapparition de ses dessins “disparus” de 1980 : une série de 120 dessins réalisée à “l’ardoise magique”. Chacun était alors voué à être oublié puisque pour réaliser un nouveau dessin, l’artiste devait effacer celui à peine achevé. Des dessins disparus, donc. Excepté que Sarkis a photographié chacun d’entre eux avant de les gommer.
C’est par la technique de la sérigraphie que le DOC a choisi de les révéler. Encore une fois, leur visibilité n’est qu’éphémère. Imprimés sur un mur de l’espace d’exposition, ils seront bientôt recouverts par une nouvelle couche de peinture. On passe du geste de l’impression à celui de l’effacement. Une ardoise magique à grande échelle, en somme. La pratique du dessin de Sarkis. L’idée des commissaires de l’exposition : montrer l’espace d’exposition par le biais de l’œuvre de Sarkis et inversement.
Vue de l’exposition “Les Révélations de Sarkis l’effaceur” au DOC (© Corentin Canesson)
Une exposition circulaire
Face au mur de dessins imprimés, la signature de l’artiste en néon, au milieu, La scène : une figurine, peut-être un fétiche, d’Uruk-hai (un orque du Seigneur des anneaux) trône sur un podium, sur lequel sont dispersées des prises de vues de différentes expositions de l’artiste. Une mise en scène résolument rétrospective.
Plus loin, un néon dessine 19380, dont on sait que les quatre premiers chiffres correspondent à la date de naissance de Sarkis. Le « 0 » ajouté est une formule récurrente chez l’artiste. Un 0 qui dessine aussi le parcours de cette exposition circulaire. Qu’ils soient exécutés au néon ou à l’encre de sérigraphie, les dessins de Sarkis invoquent une naissance ou une renaissance – celle de l’artiste ou celle de l’image. Cela tombe bien, DOC fête sa première année d’existence.
Les Révélations de Sarkis l’effaceur, au DOC, 26, rue du Docteur-Potain (Paris, XIXe). Jusqu’au 10 avril, visites sur rendez-vous.
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